Philosophie et actualité
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- Écrit par : Super User
Juignet Patrick - Philosophie pour les sciences humaines et sociales
Nous avons là une réflexion qui tient compte des avancées des sciences et, en même temps, fait des propositions philosophiques qui peuvent leur être utiles. C’est la tentative d'une relation interactive entre philosophie et sciences.
Les sciences humaines et sociales sont des savoirs liés à des conceptions de l’Homme et de la Société, qui dépendent de présupposés ontologiques. Actuellement, le dualisme corps-esprit et sa contestation réductionniste dominent les débats. Il existe une alternative intéressante, offerte par les concepts d'émergence et de niveaux d'organisation. C'est la piste explorée dans l'ouvrage qui, si elle s'avère pérenne, donnera aux sciences humaines et sociales une assise solide.
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- Écrit par : Jacques de Gerlache
En novembre 2019, l'Union européenne (UE) a ouvert la voie à une initiative, le Pacte Vert (ou ‘Green Deal’), pour l'Europe. Dans sa formulation originale, ce Pacte Vert intègre le lancement d'une nouvelle stratégie de croissance pour l'UE et le soutien de sa transition vers une société plus juste, soutenable et prospère qui réponde aux défis posés par le changement climatique et la dégradation de l'environnement mais aussi aux autres défis, telles les crises sanitaires ou alimentaires. Ceci tout en préservant la qualité de vie des générations futures.
Cette proposition, qui a désormais atteint son public, affirme certes que « les défis sont complexes et interdépendants et que « La réponse politique doit être audacieuse et globale … » mais pour pouvoir réellement relever ces défis, il est impératif que la réponse politique globale intègre alors complètement cette dimension des interdépendances systémiques qui est fondamentale.
Cette dimension reste cependant méthodologiquement trop souvent absente de la gestion des systèmes complexes, ce qui en hypothèque la mise en œuvre cohérente et efficace. L’objectif des auteurs est donc de proposer cette amplification de la dimension systémique à la fois conceptuelle et opérationnelle qu’exige la mise en œuvre de ce Pacte Vert pour l’Europe : une interprétation plus harmonisée des interactions irréductibles entre ses différentes composantes, ses différents enjeux et ses différentes parties prenantes.
Il est philosophiquement intéressant de voir comment une forme de pensée particulière, ici systémique, débouche sur des propositions pratiques.
Patrick Corsi-Jacques de Gerlache. Une interprétation systémique du pacte vert en Europe. Club de Rome. 2020.
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- Écrit par : Patrick Juignet
Le mal correspond aux conduites intentionnelles qui causent la mort, la souffrance, la misère, l’indignité. Sont qualifiables de mal le meurtre, la torture, les agressions, les destructions, l’exploitation, l’asservissement, le vol, le viol, l’humiliation, etc. Faire le mal, c’est se conduire d’une façon qui dégrade la vie humaine. Le mal est intentionnel et imputable à une personne, à un groupe ou à un État, qui n’ignorent pas les conséquences de leurs actes.
La guerre fait le mal à grande échelle. Elle s'accompagne toujours de justifications idéologiques. Pour ce qui est de l'actualité, l'horreur infligée à l'Ukraine l'est au nom de la mission du peuple Slave, de la restauration de l'empire russe, de la morale religieuse orthodoxe, de la décadence de l'Occident, etc. L'impérialisme de l'État russe vis-à-vis de l'Ukraine se pare d'un nationalisme érigé en vertu. L'idéologie est constamment au premier plan dans la justification de la guerre.
La manipulation idéologique des États autoritaires est toujours du même type. Ils vendent à leurs citoyens grandeur, puissance et prestige. Ils développent un sentiment de persécution vis-à-vis de « l'ennemi » pour justifier la guerre. Les populations le payent de sang et de souffrances. Derrière, il y a bien sûr des enjeux économiques et stratégiques, mais qui se ramènent tous à la puissance étatique recyclée en prestige, négligeant la mort et les malheurs provoqués.
Anna Arendt notait au sujet du nazi Eichmann un manque de pensée (Eichmann à Jérusalem, Paris, Galimard, 1991, p. 460). On pourrait préciser un manque de pensée autonome, critique, informée et distanciée, par rapport à la norme et au discours idéologique. L'idéologie produit une pensée toute faite, un prêt à penser distribué à grande échelle. Le philosophe peut combattre les idéologies, mais ses moyens sont modestes, dérisoires même, par rapport aux propagandes étatiques.
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- Écrit par : Patrick Juignet
L'Homme ne vit pas dans le concret, mais dans une vaste rumeur discursive qu’il fabrique individuellement et collectivement. Il produit et se nourrit intensément de récits de toutes sortes : mythes, légendes, religions, idéologies, propagandes, fictions, récits, faits-divers, etc. L’Homme vit avec, dans et au travers, cet univers fictionnel à partir duquel il bâtit une vie sociale qui elle-même s’en nourrit. Cet univers sémiotique ruse avec la réalité concrète et sociale et, en même temps, la transforme, si bien que la séparation des deux devient parfois impossible.
Cette immense rumeur n’est pas un brouillard qui ne demanderait qu’à se dissoudre devant la vraie réalité. Il existe par lui-même avec une grande force et s’intègrent à la culture au sens large (normes, règles, langage, lois, idéologies, imaginaires, arts, sciences et techniques) qui, elle-même, permet l’interaction collective, l’échange et, par voie de conséquence, la socialisation. Elle constitue un environnement pour l'humain. L’idéologie existe avec une grande force et s’intègrent à la culture au sens large.
La propagande alimente ce tourbillon géant. Aldous Huxley et surtout George Orwell en ont dénoncé les formes perverses. Ce dernier, dans ses livres La Ferme des animaux et 1984, a dénoncé l’utilisation du mensonge, des fausses nouvelles, de la falsification de l’histoire et des slogans contradictoires pour inhiber la pensée. Les propagandes totalitaires utilisent ces procédés pour manipuler efficacement les populations. Concernant les modes intellectuelles dans les pays démocratiques, c'est plus mystérieux. Il n’y a pas manipulation concertée, mais plutôt une tendance qui se répand à un moment historique donné, grâce à un fond culturel favorable, et sur laquelle certains surfent.
Voir : De la postmodernité à la post-vérité