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- Écrit par : Patrick Juignet
Émile Durkheim, dans son livre De la division du travail social, interroge la solidarité. Il oppose deux types de solidarités : - une solidarité fondée sur l'empathie permise par la similitude des individus entre eux, ce qui existe principalement dans les sociétés anciennes (il la nomme solidarité mécanique) . - une solidarité fondée sur la complémentarité fonctionnelle au sein de la société qui existe surtout dans les sociétés modernes (il la nomme solidarité organique). Durkheim pense que c'est principalement par l'organisation sociale du travail que les sociétés modernes peuvent se structurer et maintenir une solidarité. Il estime qu'il y a deux moyens d'organiser le travail - la réglementation juridique du contrat de travail - le fonctionnement du groupe professionnel.
Le problème grave des sociétés modernes vient de ce que l'économie, qui y tient une grande place, est dissolvante pour le lien social dans sa forme traditionnelle. Elle provoque une lutte selon des intérêts contradictoires issus de l'antagonisme du travail et du capital, ce qui sera nommé par Marx la lutte des classes. Durkheim redoute le délitement du lien social sous l'effet de cette lutte.
" Enfin, au XVIIe siècle commence la troisième phase de cette histoire des classes ouvrières : l'avènement de la grande industrie. L'ouvrier se sépare plus complètement du patron. Il est en quelque sorte enrégimenté... À mesure que les fonctions industrielles se spécialisent davantage, la lutte devient plus vive..."
Pour maintenir le lien social, Émile Durkheim propose une organisation des branches professionnelles groupées en corporations afin de maintenir le contact entre employeurs et employés, espérant ainsi une socialisation de la vie économique. Il imagine un parlement pour chaque branche professionnelle avec des représentants élus, des employeurs et des employés qui décideraient ensemble démocratiquement.
Il paraît évident que l'un des remèdes pour améliorer le fonctionnement économique et diminuer l'antagonisme social qu'il produit serait la démocratisation des prises de décision concernant l'économie. Proposé par Durkheim à la fin du XIXe siècle, une telle réforme n'a guère avancé en 120 ans.
Durkheim E. (1893), De la division du travail social, Livres I, II, III, Paris, Les Presses Universitaires de France, 1967.
Consultable en ligne :
http://classiques.uqac.ca/classiques/Durkheim_emile/division_du_travail/division_travail_1.pdf
Sur France Culture, une série Durkheim :
https://www.franceculture.fr/emissions/avoir-raison-avec-emile-durkheim
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- Écrit par : Patrick Juignet
Entre 1915 et 1925, le Mouvement pour la nouvelle culture a posé les jalons de la modernité chinoise et a nourri la pensée des révolutionnaires communistes. Aujourd’hui, les autorités hésitent pourtant à revendiquer son héritage, conscientes de ses potentialités contestataires.
À l'époque, des manifestations étudiantes revendiquaient plus de « science » et de « démocratie », envisagées comme les piliers d’une modernité en construction dans un pays qui vivait une difficile transition politique, celle d’un empire autocentré vers un État-nation capable de s’intégrer dans le concert des nations modernes. Mais,
"les Lumières chinoises sont le grand projet inabouti de la nation" (Jin Guantao et Liu Qingfeng, 2009).
À l'occasion de ce rappel historique, David Bartel, dans son article" Qu'a-t-on fait des Lumières chinoises ? ", met en avant l'Universalisme des Lumières et son caractère profondément antidespotique. Cet Universalisme a une force critique importante par la promotion d'un idéal supérieur.
Lire la suite : Les Lumières chinoises du début du XXe siècle
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- Écrit par : François Parisien
Brice Couturier a consacré trois chroniques sur France Culture à Leszek Kolakowski, remettant ainsi en lumière un philosophe polonais du XXe siècle mis de côté en France. Spécialiste du marxisme, Leszek Kołakowski est connu pour son Histoire du marxisme très documentée, en trois volumes, dont seuls les deux premiers ont été traduits en français.
Universitaire, ayant enseigné dans de nombreuses universités du monde, Kolakowski déploie sa pensée à partir d’observations concrètes, souvent tirées de l’expérience quotidienne, ce que note le sous-titre de son essai paru en 1999, Freedom, Fame, Lying and Betrayal (Liberté, célébrité, mensonge et trahison) : « essais sur la vie quotidienne ». Sa vie sera rythmée par les évolutions politiques en Pologne. Comme chez la plupart des intellectuels confrontés à l’histoire, sa pensée a évolué.