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- Écrit par : Patrick Juignet
- Catégorie : Actualités philosophiques, scientifiques et sociétales
Cette formule « le sommeil de la raison engendre des monstres » est impressionnante de concision et de vérité.
Francisco de Goya a dessiné une série de gravures dans lesquelles il a traité des questions morales qui préoccupaient les intellectuels espagnols de la fin du XVIIIe siècle.
« Le sommeil de la raison engendre des monstres » est le titre de l'une des gravures parmi les plus célèbres du siècle des Lumières. On y voit l’artiste, endormi, envahi par d’inquiétantes créatures.
Le sens est double : sur un plan individuel l’imagination laissée à elle-même engendre des pensées morbides et sur un plan politique la déraison et la passion du pouvoir engendrent des formes sociales monstrueuses.
Sans raison, pondération, référence à une éthique humaniste, la barbarie se déchaine.
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- Écrit par : Patrick Juignet
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À quoi bon reparler d'humanisme ? Au vu des doutes et incertitudes actuelles, il serait probablement utile de réinventer un récit philosophique partageable qui redonne une cohésion et une confiance collective. L'humanisme pourrait être un antidote à la vision utilitariste de l'homme, au vide idéologique contemporain, tout comme aux extrémismes religieux. L'humanisme est une doctrine suffisamment large pour qu'elle soit reprise par beaucoup de personnes de bonne volonté. Mais, il nous faut redéfinir l'humanisme, car si l'on veut qu'il soit efficace, il faut un humanisme sans complaisance.
Mettre l’homme en avant ne suffit pas, car la barbarie est – hélas – très humaine. Chaque homme peut aussi bien devenir un monstre stupide, ignorant, avide, sadique, haineux, qu’un sage empathique, savant, créatif et altruiste. Il peut surtout devenir une victime de l’idéologie. Les pires barbaries ont presque toujours été commises au nom de principes idéologiques et religieux : guerres de religion en Europe, massacres des juifs sous le nazisme, assassinats de masse sous le communisme. C’est toujours au nom de croyances idéologiques et religieuses – ce qui est le propre de l’homme – que le plus inhumain est perpétré.
L'humanisme ne peut être une simple idéalisation de l’homme. Il faut le définir autrement et mieux. Pour cela l’humanité (au sens d'un devenir de l'homme) est une notion intéressante. L'usage linguistique a consacré les termes d'humain et d'humanité pour signifier digne, sage et empathique. Par opposition, en cas de violence destructrice pour les individus et désorganisatrice pour la sociabilité, on parle de barbarie. La locution « avoir de l'humanité » désigne le respect et la sociabilité, qualités nécessaires pour une vie harmonieuse.
Dans cette perspective, l'éthique humaniste consiste à faire en sorte que l'humanité, possible, mais pas certaine, chez l'homo-sapiens, advienne. L'humanité est à construire par l'éducation et collectivement par l'avancée civilisationnelle. Pour que l'humanisme soit efficace, il faut qu'il soit à la fois volontariste, sans complaisance et soutenu par le droit. Les deux déclarations sur les droits de l'Homme (Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen de 1789 et la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948) sont à ce titre essentielles.
Voir l'article : Humanité ou sagesse ?
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- Écrit par : Patrick Juignet
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Les qualités sensibles sont-elles la clé du vivant ? C'est la question que se pose Michel Troublé. La sensibilité est probablement une capacité opérative irréductible à toute interaction physico-chimique. Elle est compatible avec les lois physiques, contrairement à ce qu’affirme le philosophe des sciences Daniel Dennett. Elle constitue un caractère essentiel à la dynamique des structures vivantes et des processus cognitifs. À ce titre, elle est peut-être l'une des clés permettant de comprendre la spécificité du vivant.
La sensibilité est probablement une capacité opérative irréductible à toute interaction physico-chimique et en même temps compatible avec les lois physiques, contrairement à ce qu’affirme le philosophe des sciences Daniel Dennett. Elle constitue un opérateur essentiel à la dynamique des structures vivantes et des processus cognitifs.
Les qualités sensibles dont sont munis les êtres humains sont donc empiriquement opératives bien qu’étant, paradoxalement, formellement irréductibles à toute interaction physico-chimique neuronale eu égard le principe d’indiscernabilité. Elles seraient une spécificité absolue de toutes les structures vivantes. Chez les êtres humains, au moins eux, les qualités sensibles fonderaient la subjectivité ce qui la rend opérative.
Voir l'article :
Les qualités sensibles : la clé du vivant