Le terme essence vient du latin esse qui signifie être. De manière concrète, l’essence correspond à ce qui est extrait d’une chose (essence de fleur, essence de pétrole) et qui est supposée être son composant « essentiel », c'est-à-dire le plus important. Au sens courant, l'essence désigne ce qui constitue le principal, le plus important, la nature de la chose et lui donne sa spécificité. En philosophie, l’essence désigne souvent ce qui est (existe) de manière permanente et elle est quasi-synonyme de substance. C'est l'une des manières de traiter le problème de la différence entre l'apparaitre, la manifestation, et ce qui existe fondamentalement. 

Dans la métaphysique, l’essence a un caractère plus abstrait que la substance, car le concept est fortement marqué par l’idéalisme. Platon est en quête des essences (du beau, de la justice, des choses, etc.) qui sont des Idées existant de manière autonome et éternelle indépendamment des manifestations sensibles. C’est un positionnement ontologique selon lequel les idéalités sont constitutives du réel. Avec Aristote la notion d'essence se réfère à ce qui fait qu'une chose est distincte de ses attributs accidentels. Il en est resté la distinction entre l'essence (to ti en einai, ce qu'une chose est) et l'existence (to hoti estin, le fait qu'elle soit). 

Le concept d’essence repose sur l’opposition entre l’être véritable (réel) et l’existence phénoménale (empirique). Pour les idéalistes, l’essence précède l’existence empirique qui en est la réalisation imparfaite. L’idéalisme platonicien sera contesté par le nominalisme, lors de la querelle des universaux. Toute philosophie qui affirme le primat de l'essence sur l'existence sera dite essentialiste. Par exemple, on parle d'essentialisme platonicien ou d'essentialisme augustinien. Pour la philosophie analytique, qui utilise la logique modale, les propriétés essentielles sont comprises en termes de nécessité : une propriété P est essentielle à un objet O si, et seulement si, dans tous les mondes possibles où O existe, O possède P. Cela permet de relier les propriétés essentielles à l'existence de l'objet à travers les mondes possibles.

En philosophie, il est possible de se passer de la notion d'essence en s'appuyant sur la distinction entre le réel et le factuel. 

L’essentialisme dans les sciences humaines et sociales reprend le sens courant de saisie des caractères principaux. Dans cette perspective, les individus, les groupes sociaux, etc. sont définis par certaines caractéristiques essentielles, visibles et objectives. Cette doctrine devient idéologique si elle prétend que ces catégories ont une existence inaltérable (pas de changement possible).

L’essentialisme dans les sciences humaines et sociales opère le passage du repérage empirique par une catégorisation appropriée (traits communs importants, caractéristiques spécifiques) parfaitement justifiée à l’affirmation abusive d’une entité fixe. Ce qui aboutit à nier le changement, les évolutions possibles ou souhaitables. Cette approche engendre des polémiques lorsqu'elle s'applique à des traits tels que le genre, la race, l'ethnicité, la culture, ou certaines dispositions sociales et psychologiques. 

 

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