L’étymologie du terme nation est liée à la naissance (nascere). Ainsi, à l’époque médiévale, l’idée de nation renvoie à un groupe humain qui a une origine commune. Il est proche de païs, issu du latin médiéval pagensis dérivé de pagus, « village, canton ».

De nos jours, le sens de nation s’est infléchi et il a trait à ce qui fonde le sentiment d’appartenance commune de vastes groupes humains. Ernest Renan (1823-1892), dans une conférence de 1882 intitulée « Qu’est-ce qu’une Nation ? », considère que le critère principal de l’appartenance nationale est le désir de vivre ensemble, la volonté de faire valoir un héritage culturel.

 Le concept de nation est principalement culturel et identitaire. Il fait référence à un groupe de personnes qui partagent une identité commune, souvent basée sur la langue, la culture, l'histoire ou les valeurs. Une nation est donc liée au peuple dans le sens où elle émerge de l'existence d'un sentiment d'appartenance commune et d'une identité partagée.

Certaines données objectives permettent de définir une nation : géographie, langue, culture, valeurs sociales et politiques. Mais l’idée de nation ne leur est pas réductible. Il existe ainsi des nations plurilingues (ex : la Suisse) ou connaissant plusieurs religions (ex : l’Allemagne). Il y a également des nations sans territoire propre ou d’autres encore qui sont partagées entre plusieurs États. Aussi la nation apparaît-elle d’abord comme une construction culturelle et politique.

Dans les « Concepts fondamentaux de sociologie » (1920), Max Weber distingue entre ce qui lie la communauté et ce qui fonde la société. Cette distinction est intéressante, car elle montre les deux dimensions associées pour constituer la nation qui est à la fois une communauté (culturelle et de destin) et l'organisation politique d'une société.

Une nation est généralement liée à un territoire et à un État qui permettent sa stabilité et sa pérennité. Depuis la Révolution française, c’est une notion juridique. L’article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 dispose ainsi que « le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément ». La coïncidence d'un État et d'une nation, c'est-à-dire l'État dont la population partage une identité nationale commune est un cas idéal pour la stabilité sociale, qui est rarement pleinement réalisé.

Le nationalisme transforme la légitime volonté d’appartenance et de défense de valeurs partagées en un rejet et une volonté de lutter contre les nations voisines, qui va parfois jusqu’à leur déculturation et leur anéantissement. En dehors de ces excès, la nation a une potentialité conflictuelle, car les valeurs et l’idéologie qui lient la communauté sont parfois antagonistes avec d’autres nations ou avec certaines parties de la population à l'intérieur de la nation.