Un documentaire sur la vie de Simon Leys (né Pierre Ryckmans) montre le prix que cet homme a payé pour n'avoir pas cédé à l'idéologie maoïste à la mode. Il a, en effet, dénoncé les crimes maoïstes, qui ont provoqué la mort de 60 à 100 millions de personnes, à un moment, où il était de bon ton d'idéaliser Mao. Son ouvrage « Les Habits Neufs du Président Mao » publié dès 1971, une référence sur ce sujet, a été ignoré et vilipendé.

Simon Leys

Le documentaire montre le décalage abyssal entre ce que Leys voit en Chine et l'idéologie parisienne pseudo-révolutionnaire. D'un côté Simon Leys décrit un Mao Machiavel, cynique, ivre de pouvoir, qui plonge le pays dans un chaos sanglant. D'un autre côté, en Occident, de jeunes gauchistes et intellectuels brillants aveuglés par la propagande rêvent d'un Orient rouge parfait, d'une révolution pure. 

Cette profonde incompréhension est illustrée par une archive de Philippe Sollers récitant avec délectation un petit poème de Mao, le louant comme l'un des éminents penseurs du XXe siècle. L'auteur « Des Habits Neufs du président Mao » montre, preuve à l'appui, que le maoïsme n'a rien à envier au fascisme.

Le film réalisé pour Public Sénat est intitulé « Simon Leys, l'homme qui a déshabillé Mao » est disponible jusqu'au 06/09/2026. Il exhume les rares entretiens et films mettant en scène Simon Leys. On y redécouvre notamment le mythique passage à Apostrophes en 1983 qui a révélé cet écrivain belge exceptionnel, ce « decent man » selon la formule d'Orwell que Leys aimait tant. Son sens de la nuance, de la mesure raisonne plus que jamais aujourd'hui.

C'est la parfaite illustration des modes idéologiques qui aveuglent une partie des jeunes et en particulier les jeunes intellectuels.

https://www.publicsenat.fr/emission/documentaire/leys-lhomme-qui-a-deshabille-mao-e0