Le courant de la « psychiatrie dynamique » s'est développé principalement aux États-Unis et en Europe à partir des années 1950. Il s’est appuyé sur les concepts de la psychanalyse, tout en intégrant des approches biologiques et psychosociales. Franz Alexander et Henry Ross notent dans leur ouvrage de 1952 que le progrès de la psychiatrie dynamique met fin à l’isolement de la psychanalyse. En tant que thérapeutique, elle peut s’intégrer à la psychiatrie (Alexander Franz, Henry Ross, Dynamic Psychiatry. University of Chicago Press. Chicago, 1952.).
La découverte de la chloropromazine utilisée dès 1952 par Jean Delay et Paul Deniker en psychiatrie a joué un rôle. Cette possibilité de soin et d’apaisement a énormément modifié le climat des institutions qui ne sont plus des asiles, mais des lieux de traitement nommés « hôpitaux psychiatriques ». De plus le développement d’une psychiatrie hors des institutions a contribué au renouveau. Dans cette médecine dite ambulatoire, les patients sont suivis par les psychiatres installés en cabinet dans le cadre de la médecine libérale. Ils vont et viennent librement et une diversité de pratique s’est installée.
En France l’Association de Santé Mentale du 13ᵉ arrondissement parisien, fondée en 1958 par Philippe Paumelle, Serge Lebovici, René Diatkine, a mis en place une psychiatrie dite « de secteur » proche des lieux de vie des patients qui s’est généralisé partout en France progressivement jusqu’aux années quatre-vingt. La formation psychanalytique de ces psychiatres leur a permis de concevoir un projet de soins englobé dans une perspective psychothérapeutique, où les actions des assistants sociaux, infirmiers, rééducateurs étaient inscrits dans une prise en charge personnalisée.
En 1954, ces médecins, associés à Serge Lebovici et Paul-Claude Racamier ont mis en place des psychothérapies analytiques pour les enfants. On doit la prise en compte du social à François Tosquelles qui a avancé l’idée de thérapie institutionnelle au sens ou l’intuition doit être soignante et non pathogène en s’inspirant des travaux de Sullivan sur l’importance des interactions sociales.
Au début des années 1980, le pluralisme en psychiatrie était effectivement présent et enseigné. Il existait au sein d’une discipline unifiée autour de l’héritage clinique. Cet état de grâce au sens d’un point d’équilibre a été atteint dans les années 1970-80. On peut citer aussi Jean Bergeret et Daniel Widlocher qui ont proposé une psychologie pathologique associant la clinique psychiatrique aux théories psychanalytiques. (Bergeret Jean et coll Psychologie pathologique, Paris, Masson,1975). Par la suite a persisté un enseignement et des manuels liant psychiatrie et psychanalyse en une psychopathologie générale intégrative et non réductrice. (Juignet Patrick, Manuel de psychopathologie psychanalytique (enfant et adulte), Grenoble, PUG, 2001. Juignet Patrick, Manuel de psychopathologie générale, Grenoble, PUG, 2015. Juignet Patrick, Manuel de psychothérapie et de psychopathologie clinique, Grenoble, PUG, 2016.)
De 1970 à 1980, en France, il a régné un certain enthousiasme dû à l’idée que la psychiatrie associée aux sciences humaines permettait non pas simplement de soigner des maladies, mais d’accéder à l’humain dans sa généralité. On avait l’impression qu’un nouveau savoir sur l’homme qui aurait des retombées thérapeutiques était en marche. Ce qui s’inscrivait dans le contexte optimiste de la fin des trente glorieuses. Le terme de dynamique est donc particulièrement approprié pour qualifier cette psychiatrie. Le terme « dynamique » ne désigne pas seulement une école de pensée, mais aussi une époque et un état d’esprit, où la psychiatrie cherchait à comprendre l’humain dans sa globalité et à s’appuyer sur plusieurs disciplines pour enrichir sa pratique clinique.
À partir des années 1990, cette psychiatrie pluraliste et dynamique a décliné sous l’effet des neurosciences et des modèles biologiques, qui ont pris une place dominante dans la psychiatrie académique et hospitalière, ainsi que sous l’influence croissante du comportementalisme et du cognitivisme. On a assisté à une technicisation de la psychiatrie, favorisant la prescription médicamenteuse au détriment des approches psychodynamiques, le tout lié à la réduction des moyens et au déclin de l'idéologie humaniste et progressiste.
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