Le pragmatisme ne se confond pas avec la philosophie pragmatique. C'est une tradition qui est apparue aux États-Unis à la fin du XIXe siècle portée par Charles Sanders Peirce, William James et John Dewey. Elle met l'accent sur l'interaction entre la pensée et l'action, ainsi que sur les effets pratiques des croyances et des concepts.
Le pragmatisme affirme que la vérité (d'une croyance idéologique ou d'une idée philosophique) doit être évaluée en fonction de ses conséquences pratiques. On est ici proche du conséquentialisme, avec toutefois cette différence que c'est l'utilité d'une idée pour orienter l'action ou résoudre des problèmes concrets qui comptent. Charles Sanders Peirce proposait que la signification d'un concept réside dans ses implications pratiques. La pensée ne serait pas une activité autonome, mais un instrument pour l'action jugée à l'aune de ses résultats. On notera le danger d'une telle attitude dans le cas d'une doctrine totalitaire efficace.
John Dewey voulait que les idées et concepts soient des outils ou des instruments qui permettent aux humains de s'orienter dans le monde. Seule une partie de la pensée humaine naît des situations concrètes. Si elle permet une action effective qui résout ces problèmes, on entre dans la pragmatique au sens général. Dans ce cadre, les pragmatistes insistent sur l'importance de l'expérience dans la formation des idées et des croyances. Pour William James, la vérité se réalise dans l'expérience, c'est-à-dire que les idées deviennent vraies lorsqu'elles fonctionnent avec succès dans nos interactions avec le monde.
L'expérience humaine, toujours évolutive, est au cœur du processus de connaissance. Le pragmatisme rejette les dualismes traditionnels de la philosophie, notamment la séparation stricte entre théorie et pratique, esprit et corps, sujet et objet. Il cherche à dépasser ces dichotomies en insistant sur l'interdépendance des éléments théoriques et pratiques. Par exemple, dans une situation concrète, la théorie doit toujours pouvoir être réévaluée en fonction des résultats pratiques qu'elle engendre.
William James défend un pluralisme philosophique. Il considère que différentes perspectives peuvent coexister sans qu'une seule vérité absolue ou immuable ne puisse être définie. La vérité est donc relative aux contextes et aux expériences, et elle évolue au fur et à mesure que ces expériences se transforment.
Pour Peirce, la vérité est une idée régulatrice atteinte à travers un processus d'enquête conduit par une communauté d'enquêteurs rationnels. Ce processus est ouvert et continu, jamais achevé, et il repose sur la coopération collective plutôt que sur une quête solitaire de certitudes absolues. Cela rejoint le point de vue pragmatique qui demande une connaissance des conditions avant d'agir.
Enfin, John Dewey a fortement insisté sur l'importance de l'éducation comme moyen de transformation sociale et d'émancipation. Pour lui, la philosophie pragmatique doit guider l'organisation de la société, en particulier dans des contextes démocratiques où la participation active et la délibération collective sont centrales.
Avec le pragmatisme, nous avons affaire à un vaste courant philosophique. On peut le différencier de l'attitude pragmatique qui correspond à un champ de la réflexion philosophique plus limité consistant dans une réflexion rationnelle et argumentée sur les enjeux pratiques.
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