Le terme phénomène, qui vient du latin phaenomenon (emprunté au grec φαινόμενον qui signifie apparence), désigne ce qui nous apparaît du monde. La doctrine phénoméniste admet que l’ensemble des phénomènes constituent la réalité. On peut distinguer le phénomène du fait, ce dernier terme désignant des phénomènes mieux objectivés et plus précis. En particulier, on parle de faits scientifiquement établis.
Le phénoménisme s'entend à des degrés divers. Il y a une acception forte du phénoménisme, affirmant qu’il existe uniquement des phénomènes et qui s’accompagne d’un réalisme phénoménal strict et exclusif (il n’existe rien d’autre que les phénomènes). Il y a une acception modérée dans laquelle le réalisme est relativisé et qui n'interdit pas toute hypothèse sur le réel.
La philosophie positiviste adopte un phénoménisme particulier appuyé sur la science et non sur la connaissance ordinaire. Auguste Comte a envisagé divers ordres de phénomènes selon « leur degré de simplicité [...] ou de généralité, d'où résulte leur dépendance successive et, en conséquence, la facilité plus ou moins grande de leur étude ». Il établit ainsi deux grandes classes, celle des phénomènes des corps bruts et celle des phénomènes des corps organisés. (Cours de philosophie positive, 2ᵉ leçon). Comte parle de la plus grande complexité de certains phénomènes et de corps, complexité due à leur organisation.
Dans une acception, néo kantienne, on ne considère que les phénomènes, mais sans prétendre à un réalisme phénoménal strict. On admet que la chose en soi (le réel en arrière-plan du phénoménal) est inconnaissable, sans nier son existence. « Le criticisme kantien, s'il s'était conformé à ses propres principes clairement établis, aurait été un phénoménisme » écrit Émile Renouvier (Esquisse d'une classification systématique des doctrines philosophiques, t.2, 1886, p.213). Mais ce serait un phénoménisme modéré.