On connaît l’origine latine du terme personne, persona, le masque utilisé par l’acteur pour jouer un personnage. Le terme a pris ensuite un sens juridique servant à désigner, en droit romain, celui qui a une existence civile et des droits. Puis, le stoïcisme a opposé le personnage de la vie publique à la personne qui a une intériorité et une vie « personnelle » lui permettant de pratiquer la sagesse stoïcienne, quel que soit son rôle social. Dans le vocabulaire moderne, le mot désigne l’individu humain conscient et raisonnable, responsable de ses actes.
Sur le plan philosophique, on peut utiliser le terme de personne pour lier et coordonner deux aspects de l’homme, le premier, donné par un abord empirique, sa personnalité, et le second, qui concerne la dimension éthique et morale dont il est capable. La définition très large de John Locke est souvent citée : « ... un être pensant et intelligent, doué de raison, et de réflexion, et qui peut se considérer soi-même comme soi-même, une chose pensante en différents temps et lieux » (Essai sur l'entendement humain, II, chap. 11, § 9).
C'est à partir des travaux de John Locke que la notion de personne s'est substituée à celle de sujet ou d'ego. Cette notion permet d'écarter le dualisme du corps et de l’esprit et réfuter tous les postulats substantialistes. À la suite de cela, le terme de sujet a pu être écarté par une partie de la philosophie d’inspiration empirique et sceptique, du fait de sa connotation métaphysique substantialiste.
Par personnalité, on désigne les traits propres à l'individu qui se manifestent avec constance et régularité (voir la définition de personnalité) apportant l’identité et les particularités de chacun. L’individu humain a, outre une personnalité, une capacité intellectuelle, cognitive et représentationnelle lui permettant de se reconnaître comme l’auteur de ses actes et de juger de leur pertinence eu égard à la loi commune et aux lois sociales. L'ensemble des deux le constitue en tant que personne.
La capacité à assumer ses actions autorise « l'imputabilité », notion à la fois juridique et philosophique. Il s’agit d’attribuer une action ou une conduite à quelqu’un et de l’en rendre responsable. L’imputabilité impose une permanence de l’identité, une auto-attribution des conduites, un jugement. Ces aspects peuvent faire défaut si la personnalité et les capacités intellectuelles de l’individu sont, momentanément ou définitivement, déficientes, par exemple, en cas de démence.
Une personne est un humain responsable et pourvu d’une éthique. En termes kantiens, on dira que l'individu se donne une loi morale aboutissant à considérer l’humanité comme une fin, aussi bien dans sa personne que dans celle des autres. (Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs). John Locke fait pencher l'usage vers le juridique, en définissant la personne surtout par l'assujettissement à des lois et la responsabilité.
Il faut ajouter que le respect de la personne est un acquis civilisationnel comme le signale Émile Durkheim : « ... la personne humaine est devenue la chose à laquelle la conscience sociale des peuples européens s’est attachée plus qu’à toute autre » (Détermination du fait moral).
On peut finalement être tenté de faire de la « personne » le concept de la cohérence individuelle liant en chaque humain ses caractéristiques (sa personnalité) avec ses capacités éthiques et d'assentiment à la loi.