Le mot « humain » est tantôt utilisé comme une catégorie descriptive par rapport à l’espèce humaine (ce qui la constitue, la caractérise) et tantôt utilisé dans un sens éthique, désignant alors les qualités telles que le respect, la dignité, la bienveillance, la sociabilité. Ces deux sens sont bien différents, car une activité typiquement humaine peut, en effet, être dégradante pour les individus qui la subissent, et par là, inhumaine.
Au sens éthique, l'humanité est une manière de se conduire, une forme possible du devenir de chaque homme. « Hommes, soyez humains, c'est votre premier devoir », écrivait Jean-Jacques Rousseau, en 1762, dans Émile ou de l'éducation. Humanité et humanisme désignent les vertus de l’homme lorsqu’il se montre altruiste et sociable, maîtrisé et empathique, digne et respectueux (sur ce sujet voir l’article Humanité ou sagesse ?), en un mot civilisé.
Certains hommes sont étrangers à l'humanité au sens évoqué ici, ce qui implique l’affirmation paradoxale que des hommes ne seraient pas humains. L’Homme, en tant qu’individu du genre homo, a des potentialités agressives, perverses et nocives. Il s'ensuit qu'il est préférable de préciser lorsque que les termes « humain » et « humanité » qu'ils sont employés dans les sens de civilisé, éduqué, équilibré. L’humanité en ce sens-là est une possibilité pour l’Homme, mais elle n'advient pas toujours (Le terme Homme avec une majsucule note le sens générique, à distinguer des hommes comme individus ou des personnes de genre masculin).
ÀA la place d'humanité, on pourrait utiliser des périphrases et parler de sagesse altruiste, de sociabilité accomplie, de décence et de dignité. On pourrait évoquer une potentialité empathique ancrée dans ce qui constitue l’homme (ses premières identifications), sa réalisation correspondant à la « common decency » décrite par Orwell, ou encore à ce que les moralistes depuis l’Antiquité considèrent comme des « vertus ». Mais, toutefois, ces périphrases alourdiraient le discours, alors que l'on a un terme communément admis et facile d'emploi comme humanité.
Il y a aussi une autre raison pour garder le terme « d'humanité », tout en sachant qu’il ne recouvre que l’une des possibilités de la condition humaine, c'est qu'il valorise et généralise ce qui chez l'homme permet l’épanouissement de l’individu et la vie en société. Il donne une universalité à ce qui n'en a pas toujours, mais devrait en avoir une. Cette manière de parler correspond à une position éthique. On désigne par « humain » ce que devrait être l’homme, par « humanité », les qualités qu’il devrait avoir. Cette tradition langagière est acceptable, car il y a légitimité à promouvoir l’humanisme. Humanité ne s'oppose pas à animalité, mais à barbarie.