En grec ancien, métaphysique (μ ε τ α τ α φ υ σ ι κ α ́) signifie « après les choses de la nature », suite au classement des textes d'Aristote. Selon la définition inaugurale d'Aristote, la métaphysique est une étude « de l'être en tant qu'être ». Généralement, elle déborde vers le transcendant, le supra sensible, et prétend dépasser la raison et les vérifications empiriques. La métaphysique répond certes à des préoccupations philosophiques, mais surtout à des demandes magico-religieuses.
Il est possible de distinguer trois types de métaphysiques, qui d'ailleurs se mélangent souvent, la métaphysique « fantastique », la métaphysique théorique « généralisante » et la métaphysique « subjectiviste ».
La métaphysique fantastique est la forme traditionnelle la plus répandue, car elle fait partie des mythes et des dogmes religieux qui connaissent, depuis les origines de l’humanité, un succès jamais démenti. Ses thèmes sont le surnaturel, le divin, l’âme, les esprits, la vie après la mort, etc. Ces idées métaphysiques sont connues par révélation ou croyance. Elles peuvent parfois faire l'objet de développements rationalisants. Elles participent aux grands récits de chaque culture.
La métaphysique généralisante constitue une forme tout aussi ancienne qui concerne des thèmes vastes et généraux comme l’indéterminé, la forme, l’absolu, la matière, l’inconditionné, l’être en tant qu’être, l’infini, l'Un, ou encore des thèmes nés de la juxtaposition des précédents comme l'ontologie de l'altérité, la dialectique du même et de l'autre. Il s’agit d'idées générales et abstraites qui sont attribuées au Monde et connues a priori.
La métaphysique subjectiviste consiste, en partant de notions ordinaires, à les remanier par une méditation personnelle pour en faire des idées abstraites concernant soi, l’autre, le sujet, la liberté, la mort. Ces idées sont connues par une intuition intellectuelle qui les pose d’évidence pour être justes et effectives.
La métaphysique fabrique des récits. Elle sert à enchanter le monde, à lutter contre l’angoisse devant l’absurdité et l’immensité (Blaise Pascal en donne un exemple), à se consoler des difficultés de la condition humaine (l’impuissance et l’ignorance, la souffrance et la mort). La métaphysique donne un sens illusoire, facteur d’ignorance et d’obscurcissement de la pensée. C'est une fiction, parfois abstraite (une fiction théorique), qui présente l'inconvénient de ne pas se présenter comme telle.
Les critiques de la métaphysique ont débuté à partir du XVIIIe siècle : Hume, Comte, Kant, le Cercle de Vienne. L'argument principal d'Emmanuel Kant, à ce jour non démenti, est la fausseté du jugement synthétique a priori concernant le monde en général. Selon la critique kantienne qui remanie l'approche dite « transcendantale », il est impossible d'inventer un savoir a priori sur le monde en soi, le réel, comme le prétend la métaphysique. Le Cercle de Vienne l'a considérée comme dépourvue de sens (comme un propos sans référent existant dans le monde).
On peut séparer les fictions théoriques des hypothèses sur les postulats premiers, utiles à la connaissance (monde, existence, réel, réalité, temporalité, causalité, émergence, universaux, etc.). Ces derniers pourraient être rattachés à l'ontologie de même que les généralisations issues de la science.
Voir aussi : Définition de l'ontologie et Critique de la métaphysique.