Au plus simple, on peut définir l’ignorance comme l’absence de savoir.

L'ignorance, si elle est consciente d'elle-même, peut être le point de départ d'une enquête scientifique. Mais elle n'est jamais suffisante. Il faut qu'elle s'accompagne d'une volonté et d'une possibilité de connaitre. Le chercheur identifie un domaine vis-à-vis duquel le savoir est pauvre ou inexistant, ce qui l'amène, le cas échéant à  entreprendre une recherche. Cette forme d'ignorance est partielle, car il faut quand même arriver à désigner ce qui est inconnu, et donc en avoir une prescience. 

L'ignorance peut être systématique, car certains domaines ne sont pas intégrés ou pas intégrables dans les cadres conceptuels, méthodologiques ou institutionnels de la science en cours. C'est le résultat de limitations dans les approches de recherche, de biais dans la sélection des sujets étudiés, ou encore de contraintes financières ou éthiques qui limitent les questions pouvant être posées. Sur un plan cognitif, l'absence de recherche peut venir du refus de la nouveauté, de l'impossibilité d'envisager ce qui contredit le paradigme accepté.

L'ignorance peut aussi concerner un savoir existant dans un domaine scientifique donné. La raison principale de l’ignorance est alors l’absence de transmission du savoir. S’interroger sur l’absence de transmission d’un savoir inexistant est absurde et sur l’absence de transmission d’un savoir inutile et périmé est de peu d’intérêt. Par contre, il est important, du point de vue de l'évolution des sciences et de la préservation de leur qualité, de comprendre pourquoi certains savoirs utiles, tombent dans l’oubli ou deviennent marginaux.