Idéologie n’est pas philosophie. L'idéologie opère, entre autres, par la corruption du langage. Nathalie Heinich note qu’elle opère par « entrisme sémantique, grâce auquel des mots à la connotation éminemment progressiste sont détournés vers des causes qui le sont beaucoup moins ».

Comme l’écrit Samuel Fitoussi, « la confusion sémantique – celle que dénonçait Orwell en 1946 – permet à des idées régressives, empaquetées dans des mots positivement connotés, de se déguiser en combats apolitiques et universels, de gagner du terrain grâce aux idiots utiles bien intentionnés. Et au wokisme de s’institutionnaliser, jusqu’à se confondre avec la neutralité » (S. Fitoussi, Woke fiction. Comment l’idéologie change nos films et nos séries, Le Cherche-Midi, 2023, p. 322). 

Par exemple, Nathalie Heinich indique qu’il faut se méfier désormais du mot diversité, « car au-delà de sa connotation sympathique, ouverte, accueillante, il signifie de fait l’imposition d’une vision communautariste de la citoyenneté, où les individus doivent être traités en tant que membres d’une « communauté » et non pas comme membres d’une nation, voire de la commune humanité ». 

Fait suite, dans son article « L’entrisme sémantique du wokisme », l’analyse fine d’une liste des mots détournés de leur signification à des fins idéologiques. 

Heinich, Nathalie. L’entrisme sémantique du wokisme. 2023. Télos. https://www.telos-eu.com/fr/societe/culture/lentrisme-semantique-du-wokisme.html