Actualités philosophiques, scientifiques et sociétales
La nature n’est pas l'environnement
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- Écrit par : Patrick Juignet
Un certain nombre de présupposés empêchent de penser convenablement la relation entre les humains et leur environnement immédiat (terrestre). En tout premier lieu l’idée de « nature ». Elle est chargée d'un poids imaginaire et métaphysique, et reste prise dans la tradition l'opposant à la culture. Le terme est terriblement polysémique (voir la définition). Dans le débat public, ce que l'on nomme nature correspond souvent à l'environnement terrestre et principalement à la biosphère. Mais il n'est pas perçu et analysé comme tel. L'environnement, conçu comme nature suscite toutes sortes d'interprétations, dont certaines sont fantaisistes, et à des sentiments variés, qui vont de l'amour à l'hostilité en passant par l'indifférence.
Énaction et linguistique
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- Écrit par : Patrick Juignet
Rapprocher énaction et linguistique a quelque chose de paradoxal. Cela a été tenté par Maturana (1978), Maturana et Varela (1994) et a ensuite fait l’objet de reprises dans un certain nombre de travaux en linguistique et en sémiotique (Linell, 2009), (Cowley, 2011), (Thibault 2011), (Kravchenko, 2012), (Raimondi, 2014), (Bottineau, 2012, 2017), Love (2007, 2017), au travers de la notion de languaging.
Signifiant initialement un type de coordination comportementale récursive, le terme anglophone languaging en est venu à désigner plus génériquement l’activité de langage, par opposition aux langues historiques qui en sont le produit. Dans ce cadre la parole n’est plus conçue comme la mise en œuvre d’un système abstrait qui lui préexisterait, mais comme une activité au sein de laquelle émergent des régularités métastables. La notion permet de lier plusieurs principes caractéristiques de l’énaction, notamment l'interactionnisme, la praxéologie et l'émergentisme.
La notion de languaging est un point d’entrée pour discuter des liens entre énaction et linguistique. Le couplage des comportements serait la base de la communication. Les structures cognitives émergeraient des schèmes sensori-moteurs et celles de la communication aussi. Il s'organiserait un couplage interactif entre les interlocuteurs une coordination des interactions. À un degré de plus, une coordination des coordinations donnerait le languaging.
Francisco Varela et suiveurs se prononcent contre l'idée de représentation, qui selon eux correspondrait à la copie d'un élément présent dans l'environnement. Il laissent aussi de côté la référence à une langue préexistante. Aucune distinction n'est faite entre indice, symbole et signe. Sémantique et syntaxe sont absentes. Nulle part, il n'est question de sens, de signification en encore moins de concepts ou de pensée. C'est une approche comportementale qui peut s'appliquer aux animaux, mais dont on ne voit pas comment elle pourrait rendre compte de la communication humaine dans ses formes un peu élaborées.
Querelle médicale au XVIIe siècle
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- Écrit par : Super User
Philosophie, science et société a précédemment signalé l'édition des travaux de Guy Patin par Loïc Capron (https://philosciences.com/394-guy-patin). L'auteur s'est intéressé à un nouveau thème d'histoire de la médecine, la querelle qui a éclaté au milieu du XVIIe siècle concernant les liquides corporels : le chyle et le sang. L'auteur a nommé son article : « Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655) ».
Le mot chyle vient du grec χυλος (chylos,« sève ») et était défini en 1690 (Antoine Furetière) comme le « suc blanc qui se fait des viandes [nourritures] digérées. Les aliments se tournent en chyle dans le ventricule [estomac]. Les veines du mésentère préparent le chyle pour en faire du sang ».
Jean Pecquet est à l'origine d'un débat houleux auquel ont participé Thomas Bartholin, William Harvey et quelques autres moins connus, comme Jean Riolan. Les débats portaient sur la nature du chyle, sur ses mouvements, et surtout sur l’élaboration du sang (la sanguification selon le terme de l'époque).
La gravure montre Jean Pecquet, William Harvey, Frans de Le Boë, Thomas Bartholin. Gravure de 1680 dans Nouvelles découvertes de Louis Barles.