L'expérience au sens général correspond à l’activité de connaissance de l’environnement au sens large. C’est une activité à la fois pratique et intellectuelle, permettant d'avoir des informations sur son environnement et sur soi-même. Elle produit un savoir sur la réalité empirique.

Voyons d'abord l'expérience spontanée. 

Elle a été conçue par les empiristes, par exemple, John Locke ou David Hume, pour être ce qui est donné à notre conscience avant toute réflexion – comme les sensations ou les émotions au moment où on les ressent. Cette définition que l’on qualifie parfois de « mentaliste » s’est largement imposée assez largement. Elle néglige toutefois l’action et débouche sur un possible scepticisme quant à la réalité.

La conception dite mentalisme a été remise en cause en philosophie par le pragmatisme, dont l’un des représentants est John Dewey. Il en découle une redéfinition de l’expérience comme l’ensemble des interactions que les êtres vivants intelligents entretiennent avec leurs environnements naturels et sociaux.

Jean Piaget pour sa part a mis l’accent sur l’action dans la constitution active de l’expérience. Sa conception est en rupture avec la tradition philosophique empiriste, car pour lui ni la sensation, ni même la perception, ne suffisent à informer l’individu de ce qui l’entoure. L’important est l’action et plus précisément les interactions et leur prise en compte dans les schèmes praxiques et intellectuels. Le rôle central de l’action dément la possibilité d’une position contemplative du sujet connaissant.

L’expérience se modifie progressivement dans le temps individuel, de l’enfance à la vieillesse, et elle est façonnée dans le temps historique et par chaque culture.

On désigne aussi par le terme d’expérience non plus l'activité d'acquisition, mais son résultat : le savoir cumulé au fil du temps par la pratique dans divers domaines (du jardinage à la médecine empirique en passant par la politique). Il s’agit d’un savoir qui s’est constitué par le fait d’avoir pratiqué le domaine considéré et d’en avoir tiré des leçons. On dit « avoir de l’expérience ».

Par expérience, on entend également le vécu, le ressenti. Cet aspect inclut la subjectivité. L’expérience vécue agrège l'imaginaire, le culturel et les idéaux, en un tout modifié par l’affectivité, qui prennent le pas sur le concret. Elle forme ce qu'on nomme le « monde vécu ». L'expérience vécue associe le présent et le passé, qu’elle lie à l’émotion dans une intuition globale.

L'expérience vécue est centrale pour la phénoménologie initiée par Edmund Husserl au début du 20e siècle. La phénoménologie se centre sur l'étude détaillée et systématique des phénomènes tels qu'ils apparaissent dans l'expérience. Husserl a introduit le concept d'« épochè » ou suspension du jugement, visant à mettre entre parenthèses les croyances préexistantes sur l'existence du monde extérieur pour se concentrer sur la pure description des expériences telles qu'elles sont vécues.

L'expérience scientifique et tout autre. Elle repose sur une méthode rigoureuse visant à produire des connaissances objectives et reproductibles. Elle est caractérisée par l'expérimentation contrôlée, la mesure précise et la répétabilité. Elle apporte des preuves empiriques vérifiables.

 

Voir : définition de la phénoménologiedéfinition de la science.