Éthique - Morale (définitions)
Les sens de ces deux termes éthique et morale est si fluctuant et interchangeable qu’il est difficile de les départager. Quoi qu’il en soit, il est important de distinguer la réflexion sur le bien et le mal de celle portant sur les règles de conduite. Les enjeux sont très différents.
La désignation du bien et du mal propose les finalités à poursuivre qui sont jugées favorables ou défavorables pour les hommes. Les définitions du Bien et du Mal varient, mais elles aboutissent à des principes généraux. Le domaine des règles de conduite est différent, puisqu’il s’agit d’édicter ce qu’il faut faire et ne pas faire. Les règles ont un aspect prescriptif et normatif. Il existe entre les deux domaines de réflexion des relations complexes.
Il n’est pas possible de s’en tenir au schéma simple selon lequel du bien découlerait des règles de conduite donnant un mode de vie enviable, qui est le fait de nombre de philosophies traditionnelles (épicurisme, stoïcisme, etc.). En effet, pour d’autres les règles de conduite sont considérées soit comme une conséquence de la vertu (Aristote), ou comme un impératif démontrable (universalisme kantien appelé aussi déontologisme), ou comme relatives à leurs conséquences quant au bien et au mal (conséquentialisme dont la version la plus connue est l’utilitarisme).
Mais de plus l'anthropologue Claude Lévi-Stauss a fait l'hypothèse très plausible d'un Ordre symbolique, d'une Loi commune à tous les hommes, qui s'imposerait du fait de la capacité de mise en ordre de la pensée humaine confrontée aux nécessités sociales et naturelles. Enfin, on doit aussi considérer les mœurs et les évolutions civilisationnelles (comme l’avènement des droits de l’homme), qui s’imposent antérieurement à tout débat philosophique. En prétendant énoncer des règles morales, la philosophie est confrontée au problème de la relation de ces règles avec les lois juridiques, avec les règles religieuses, avec les normes sociales et éducatives préexistantes.
Si une réflexion philosophique sur le bien est sans conteste du domaine philosophique, il n’est pas sûr que la prescription de règles de conduite en fasse partie et qu’il ne faille pas plutôt se limiter à quelques principes prudents, laissant à chacun le choix de réfléchir aux modalités d’application les plus adaptés.