Au sens ordinaire, le terme intuition indique une compréhension globale, immédiate, qui se manifeste sans recours au raisonnement. Une pensée intuitive se manifeste spontanément et parfois s’impose comme une évidence, voire une révélation ou une illumination. L'intuition se différencie et s’oppose à la pensée réfléchie et démonstrative. À ce titre, elle ne porte pas en elle de garantie de validité et peut aussi bien être vraie que fausse, voire parfaitement fantaisiste. Des intuitions infondées, mais considérées comme certaines, sont à la base des délires. On notera que l'impression de surgissement instantané n'implique pas que l’événement de pensée concerné n'ait pas été préparé par des mécanismes intellectuels et psychiques dont l'individu n'a pas conscience.
Dans les religions, l'intuition tient une grande place. De nombreux religieux et mystiques rejettent la connaissance discursive au profit de l'intuition (conçue comme révélation) et ils affirment la possibilité d'atteindre une réalité supérieure, transcendante, par l'intuition. Pour le philosophe, l’intuition est une forme de connaissance directe et immédiate. L’objet intentionné se présente spontanément à la pensée, sans l’aide d’un raisonnement réflexif conscient. La valeur accordée à l'intuition est très variable selon les philosophies.
Pour Platon, l'intuition est la saisie immédiate d’une idée par l'âme indépendamment de toute expérience. Pour Descartes, c’est le premier jalon de la connaissance. Selon lui, le savoir se fonde sur une évidence première, connue par intuition, qui serait « la conception ferme d’un esprit pur et attentif ». L’intuition est donc antécédente au raisonnement. Pour Spinoza, c’est l’inverse, l’intuition est ce à quoi l’esprit arrive après une étude faite de manière rationnelle, c'est un résultat.
Avec Aristote, l’intuition n’est rien d’autre que la saisie immédiate du moyen-terme. L’intuition n’est pas illogique, c'est plutôt une opération si rapide que l'individu court-circuite le syllogisme laborieux sans pour autant sortir de la logique.
Emmanuel Kant distingue l'intuition sensible qui saisit les données apportées par les sens pour constituer un objet. Elle s'appuie sur l’intuition pure qui donne les formes a priori de l'entendement : l’espace et le temps. Ce sont là les conditions intellectuelles de construction des phénomènes et de la connaissance objective. Autrement dit, les deux intuitions premières de l'espace et du temps construisent dans l'esprit les objets de l’expérience à partir des données des sens.
Kant distingue, d'autre part, l’intuition intellectuelle qui donnerait un accès immédiat au suprasensible (aux idées en elles-mêmes, au nouménal). Pour Kant, ce type d’intuition est impossible pour l’Homme. On ne peut prétendre légitimement à une connaissance (abstraite ou métaphysique) par intuition.
Le terme est polysémique et il faut en préciser l'emploi.