Épicure a élaboré sa doctrine en partant d'une philosophie de la nature, sans métaphysique, ni théologie. Selon lui, rien ne vient du néant, du non-être. L’Univers infini est formé d’atomes agités d’un mouvement perpétuel qui existent depuis toujours et pour l’éternité. Épicure, cependant tient compte du nombre prodigieux de formes différentes offertes par les composés, ce qui impose un nombre inconcevable de formes élémentaires plus complexes que les atomes. La lettre à Pythoclès parle des phénomènes célestes de manière rationnelle et se conclut par « Rappelle-toi tout ce que je viens de te dire, Pythoclès. Par là, en effet, tu sortiras décidément de la mythologie et tu te rendras capable de saisir les autres choses du même genre que celles-ci ».
Cette connaissance de la nature n’est pas gratuite, elle contribue à éclairer la philosophie pratique, le mode de vie. Sur ce dernier aspect, Épicure suppose une indifférence des dieux à l’égard des hommes et fustige les diverses superstitions. De manière très nette, Épicure entend lutter contre la superstition, la mythologie et mettre de côté la religion. On sent qu’il veut donner une responsabilité à l’Homme.
Dans sa Lettre à Ménécée, Épicure écrit : « une théorie non erronée des désirs doit rapporter tout choix et toute aversion à la santé du corps et à l’ataraxie de l’âme, puisque c’est là la perfection même de la vie heureuse ». C'est une maxime dont l'application est malaisée, car aller vers cette vie demande une intelligence des situations, une prudence. Dans ses maximes, Épicure recommande de vivre avec prudence et de façon bonne et juste (Maxime V).
Le plaisir est donné par l’épicurisme pour être le critère et la fin de toutes nos activités. Cependant, le plaisir n’est pas que la jouissance immédiate, il est plus fondamentalement la santé, l’équilibre, la quiétude, l’indépendance dans la vie quotidienne. De plus, on est contraint de laisser de côté des plaisirs ou accepter des souffrances par une mesure comparative et un examen de ce qui est utile et de ce qui est dommageable.
Le jardin d’Épicure est resté le symbole du retrait de la vie publique, retrait utile pour vivre sereinement, mais sans austérité, ni ascèse, ni solitude, car le jardin est aussi une communauté. La sérénité vient simplement de la tranquillité et de la vie à l’écart de la foule.
L’épicurisme est souvent vulgarisé à tort comme un simple hédonisme. C’est en vérité une doctrine subtile prônant la rationalité et qui tente de trouver une manière de mener une vie sereine, malgré les nombreux obstacles qui s’y opposent.
Dans sa maxime 38, parmi celles nommées « capitales », Épicure note que ce qui est jugé moralement juste ne l’est pas, si cela ne s’adapte pas à ce qui est espéré ou si les circonstances ayant changé, c’est devenu inutile. Ce point n’est pas mineur, puisqu’il exclut le propos épicurien de la principale critique que l’on doit faire à la plupart des morales débouchant sur un mode de vie : leur prétention illégitime à une vérité intemporelle.