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- Écrit par : Patrick Juignet
- Catégorie : Actualités philosophiques, scientifiques et sociétales
Pascal Engel définit la vérité comme la correspondance avec les faits.
Dans notre culture occidentale contemporaine, la vérité n'a plus beaucoup de place. Ne pas respecter la vérité démonstrative, c'est admettre que le pouvoir et la force sont les sources de l’autorité (voir la définition de l'alètheia). Les penseurs post‑modernes, en prônant le relativisme, la pluralité des savoirs, ont œuvré au dénigrement de la vérité. Ils pensaient ouvrir la porte à d’autres valeurs, comme la pluralité, la lutte contre l'autorité, la critique du pouvoir.
L'irrespect de la vérité, qui a comme conséquences le règne du cynisme et du mensonge, nous a livré à la recrudescence des croyances, de la propagande éhontée et des fake news.
Ni réductible à l’éthique tout court ni simple branche de l’épistémologie, l’éthique intellectuelle soutenue par Pascal Engel définit les normes qui permettent la correction des croyances. Dans ce livre, il montre que l’indifférence à leur égard constitue la forme la plus aboutie du vice intellectuel et sape, dans la cité, la possibilité d’une démocratie véritable.
L’éthique intellectuelle se fonde sur la nature du jugement et de la croyance. Elle permet de comprendre ce qu’il y a de condamnable dans « le plagiat, la fraude scientifique, l’usurpation de compétences, la création d’officines pseudo-scientifiques ou l’utilisation des institutions de savoir à des fins de prosélytisme ». Elle dit pourquoi on peut réprouver les intellectuels « irresponsables et vaniteux, les journalistes sans scrupules, nos médias et nos “réseaux sociaux” trompeurs à l’échelle planétaire, nos écrivains filous, nos professeurs incompétents, nos étudiants paresseux ».
« Dans ce livre, j'essaye de remonter aux sources de l'activité intellectuelle pour en dériver les conditions de correction ».
Engel P. Les Vices du savoir. Essai d'éthique intellectuelle, Agone, 2019.
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Quentin Skinner, professeur à l’Université Queen Mary de Londres, est un historien des idées politiques. Il est considéré comme le fondateur de ce qu’on appelle « l’École de Cambridge », selon laquelle les œuvres de philosophie morale et politique doivent être comprises dans le contexte historique qui a présidé à leur édification.
Selon l'hypothèse de départ de Skinner, on doit distinguer, au sein du langage, deux dimensions complémentaires, mais séparées. L’une concerne ce que l’on a traditionnellement nommé la signification et l’autre concerne le langage comme forme d’action sociale.
Dans cette optique, les œuvres sont considérées comme étant avant tout des actes de langage. Elles ont une visée pratique que l’interprète doit mettre au jour s’il ne veut pas se tromper sur ce qu'elles sont. Comme tout énoncé, les textes qu’on étudie ont une force intentionnelle que l’histoire des idées a pour tâche de ressaisir. Le corpus considéré est celui des textes philosophiques et littéraires à portée politique.
Quentin Skinner emprunte à Wittgenstein l’idée que face à n’importe quel énoncé, l’une des questions à se poser est : que fait le locuteur en formulant cet énoncé ? Autrement dit, il nous faut essentiellement envisager nos concepts et leur expression verbale comme des outils – voire comme des armes, pour reprendre la formule qu’affectionnait Nietzsche.
Florent Guénard nous livre l'entretien qu'il a eu avec l'auteur le 3 mai 2019 dans La vie des idées.
Entretien avec Quentin Skinner : Ce que la philosophie veut dire