Philosophie et actualité
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- Écrit par : Patrick Juignet
La théorie du langage de Louis Hjelmslev (1899-1965), nommée « glossématique » (qui radicalise le projet saussurien), conduit vers l’identification et la formulation des lois selon lesquelles les catégories linguistiques se constituent. Cette entreprise de longue haleine trouve son départ dans le premier ouvrage du linguiste danois, les Principes de grammaire générale (1928) et se développe ensuite dans une approche théorique formelle partagée par la plupart des membres de l’école de Copenhague. Les enjeux théoriques et épistémologiques majeures à partir desquels cette recherche prend du sens, permettent de faire ressortir une vision moins rigide et surtout plus « polyphonique » du structuralisme de Hjelmslev. C'est ce que met en Lumière Lorenzo Cigana.
Lorenzo Cigana (Bressanone, Italie, 1984) est chercheur postdoctorant auprès du Département d’Études Nordiques et de Linguistique de l’Université de Copenhague. Il travaille depuis sa thèse sur les enjeux théoriques des sciences structurales du langage, avec une attention particulière aux approches formalistes de l’école danoise. Il a publié l’ouvrage Hjelmslev e la teoria delle correlazioni linguistiche (Carocci), où il retrace les grandes lignes de cette école.
Cigana L., Hjelmslev e la teoria delle correlazioni linguistiche, Carocci, 2022.
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- Écrit par : Patrick Juignet
En France un projet de loi concernant le « partage de la valeur » est en cours d’élaboration. Le débat passe presque inaperçu. Pourtant, c'est un enjeu de société important.
Quelle est la valeur en question ?
Le titre du projet de loi ne le dit pas et parle de la « valeur » en général. Deux valeurs sont en jeu : la valeur de l’entreprise en tant qu’entreprise et la valeur du produit vendu par l’entreprise. La valeur de l’entreprise, pour celles qui sont cotées en bourse se traduit par leur valorisation boursière. Pour les autres, c'est plus flou, ce serait leur valeur potentielle en cas de cession. La valeur issue des produits vendus par l’entreprise correspond au bénéfice net effectivement réalisé. Ce bénéfice net dégagé par la vente est distribué aux actionnaires. Seul le capital en bénéficie par la distribution des dividendes en fin d’exercice annuel.
Un ressort structurant pour la société
La répartition de la valeur (entreprise + bénéfices) entre le capital et le travail est l’un des deux problèmes fondamentaux posés par l’économie capitaliste (avec celui du pouvoir économique). La question en débat est celle de savoir à qui doit revenir le surplus de valeur produit ? Selon quel critère et quel ratio ?
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- Écrit par : Patrick Juignet
Les enseignants sont devenus une cible pour les illuminés de l'islam. Lieu d'enseignement, l'école laïque est aussi un symbole de la République et de ses valeurs. Le fanatisme religieux qui caractérise et anime les agresseurs menace la société. Mais ils ne sont pas seuls à s'attaquer aux institutions républicaines. Les émeutiers urbains s'en prennent aux bâtiments scolaires et administratifs. Ces aspects spectaculaires ne doivent pas masquer un mal plus profond et plus sournois.
L'espace médiatique est envahi par les rumeurs, le complotisme, la post-vérité et les idéologies les plus opposées, de l'islamisme au wokisme. S’y ajoute une méfiance vis-à-vis des élites, méfiance motivée par le sentiment d’être incompris et trompé, de faire la volonté des minorités, contre le droit de la majorité. Les valeurs comme le sérieux, la vérité, la probité semblent bien lointaines.
Dans ce chaos, les enseignants se trouvent chargés d’une mission qui dépasse l’enseignement : celle d’être un repère dans la tourmente idéologique. Comme le remarque Charles Hadji, il y a un décalage entre ce que l’on attend de l’école et ce que les enseignants sont habitués à y faire. Ils doivent devenir des éducateurs qui défendent les valeurs sans lesquelles la nation et l'école risque de devenir les lieux invivables d'affrontements multiples.
Voir l'article : L'école de la république : un pilier dans la tourmente ?
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- Écrit par : Patrick Juignet
L’Homo sapiens a développé des sociétés de plus en plus vastes et complexes. À partir du XVIIe siècle et surtout au XIXe siècle avec la naissance de la sociologie, on s'est intéressé au social pour lui-même (autrement que par le législatif et le politique). Les diverses approches socio-anthropologiques de cette époque donnent peu d’indications sur ce qui constitue le social, ce qui le fait exister. La question fondamentale, à savoir sur quoi reposent les sociétés humaines, reste en suspens. À cette question difficile, plusieurs réponses ont été apportées au XXe siècle, mettant en avant des aspects différents.
Savoir s'il est légitime de supposer une forme d’existence réelle constitutive des sociétés humaines (ou pas) est le rôle de l'ontologie. On peut prendre cette question sous la forme suivante : peut-on supposer une existence réelle de ce qui constitue les sociétés humaines ? Y a-t-il une existence du social, au même titre que celle du physique, ou celle du biologique ? Une manière d'avancer sur cette question, consiste à interroger la possibilité d'un niveau d’organisation autonome, susceptible de générer les divers aspects sociaux empiriquement constatés.
Voir l'article : Ontologie du social
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- Écrit par : Patrick Juignet
Citot Vincent, Histoire mondiale de la philosophie Une histoire comparée des cycles de la vie intellectuelle dans huit civilisations, Paris, PUF, 2022.
Après avoir exposé en introduction les principes épistémologiques qui président à son élaboration, l'ouvrage déroule huit chapitres, chacun résumant la vie intellectuelle et sociale, avec un gros plan sur la philosophie. Huit aires culturelles sont étudiées : la Grèce, Rome, l'Islam, l'Europe occidentale, la Russie, l'Inde, la Chine et le Japon. Du point de vue de l’évolution intellectuelle, l’auteur découpe trois périodes qu’il nomme préclassique, classique et période postclassique. Cette succession se retrouve invariablement dans chaque aire culturelle considérée. L'histoire intellectuelle serait donc cyclique (la Chine et l'Inde connaissent même plusieurs cycles). Ces cycles correspondraient à des inflexions majeures dans la vie sociale et intellectuelle, changements que la philosophie suit ou accompagne. La conclusion fait le bilan comparatif et propose quelques explications concernant les récurrences observées.
> Voir l'entretien avec l'auteur <