Actualités philosophiques, scientifiques et sociétales
Traces du passé selon Carlo Rovelli
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- Écrit par : Selma Mehyaoui
Carlo Rovelli est physicien. Entre autres ouvrages, il a publié L'ordre du temps (Flammarion, collection Champs Sciences, 2018, pour la traduction française) qui résume ses recherches et réflexions sur le temps dans un style clair et accessible. Dans Memory and entropy, un article publié en mars 2020, il expose sa théorie sur la mémoire, ou plutôt sur les traces qui la constituent. Notons bien qu'il s'agit des traces du passé dans l'Univers au niveau physique. Selon Rovelli, ces traces sont la mémoire, et en comprendre les mécanismes est solidaire d'une exploration de notre "temps psychologique". Un article, dans la section "Philosophie de la physique", est consacré à ce travail de Rovelli : il a été relu et approuvé par le physicien lui-même. Son but est de rendre cette recherche en physique accessible à tous. La théorie de Carlo Rovelli est belle, simple, succincte (l'article original fait quatre pages seulement) : élégante, elle mérite d'être connue.
Voir : Mémoire et entropie
La destruction créatrice
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- Écrit par : Patrick Juignet
La théorie dite de la « destruction créatrice » a été développée par l'économiste autrichien Joseph Aloïs Schumpeter pour expliquer les mouvements cycliques de la croissance économique. L’idée apparaît en 1911 dans Théorie du développement économique, lorsque Schumpeter note que les innovations (de toutes sortes, mais surtout techniques) créent de nouveaux développements économiques qui provoquent la disparition des entreprises devenues obsolètes ou non-compétitives. Ce sont des « processus de mutation industrielle […] qui révolutionne incessamment de l'intérieur la structure économique, en détruisant les éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs. » (p.116). Schumpeter a ensuite développé cette théorie dans d’autres travaux. Dans Le Cycle des affaires, publié en 1939, il montre que les cycles économiques dépendent des innovations et, en particulier, des « grappes d'innovation ». Cela signifie qu’un progrès scientifique ou technique (par exemple : la machine à vapeur) amène avec lui d'autres innovations portées par cette découverte et que l’ensemble est pour un temps un facteur de mutation et de développement économique.
Voir : La destruction créatrice et ses limites
Hypothèse hippocampique sur la schizophrénie
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- Écrit par : Patrick Juignet
Les souvenirs ne se forment pas isolément. Ils sont associés et organisés en structures formant un savoir qui permet la pensée. L'incapacité à exprimer une pensée cohérente est une caractéristique-clé de la schizophrénie. Une recherche d'Ayesha Musa et coll. (2022) explore l'hypothèse selon laquelle ce trouble de la pensée découlerait de cartes cognitives hippocampiques désorganisées.
La recherche est conduite en combinant deux lignes directrices, l'une concernant les signatures neuronales de la cartographie cognitive, et l'autre qui cherche à comprendre les fonctionnement cellulaires d'un niveau inférieur aux mécanismes de la cognition, dans un cadre de systèmes dynamiques. Ce travail aboutit à l'idée que plusieurs pathologies distinctes convergent vers la diminution des attracteurs hippocampiques, donnant lieu à des cartes cognitives hippocampiques désorganisées, ce qui entraîne une désorganisation conceptuelle. Les auteurs discutent des preuves disponibles de type informatique et comportemental ainsi que neurobiologiques, tant au niveau des réseaux de neurones qu'au niveau cellulaire. Ils présentent des prédictions vérifiables à partir de ce cadre, ainsi que des hypothèses qui permettraient d'unifier les principales théories chimiques et psychologique de la schizophrénie ; ce qui pourrait permettre de comprendre l'étiologie et améliorer le traitement de la maladie.
The shallow cognitive map hypothesis: A hippocampal framework for thought disorder in schizophrenia. Schizophrénie (2022) 8:34 ; https://doi.org/10.1038/s41537-022-00247-7