Actualités philosophiques, scientifiques et sociétales
Image d'un trou noir
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- Écrit par : Patrick Juignet
Mercredi 10 avril 2019, la première image d'un trou noir, situé au centre de la galaxie M87, a été obtenue. C'est le fruit d'une collaboration internationale baptisée Event Horizon Telescope (EHT) qui regroupe une dizaine de radiotélescopes et d'observatoires répartis autour du globe.
La théorie de la relativité générale d’Albert Einstein, élaborée en 1915, démontre que des corps massifs peuvent, dans certaines conditions, s’effondrer sous l’effet de leur propre gravité jusqu’à former une région de l’Espace dont plus rien, ni la matière, ni la lumière, ne peut sortir. Se constitue alors un "trou noir". Un tel fait ne se réduit pas à un point ou à une singularité perdue dans l’immensité du Cosmos, mais s'accompagne d'une zone appelée "horizon des événements" au-delà de laquelle rien ne peut revenir. C’est l’existence de cet "horizon des événements" associée aux trous noirs que montre l’image diffusée par la collaboration nommée Event Horizon Telescope.
Dans le cadre de la philosophie des sciences, on dira que ce qui avait était prédit théoriquement a été observé empiriquement, ce qui est nécessaire pour valider un savoir scientifique. Cette observation n'est pas une perception, mais une construction complexe. Il a fallu utiliser un réseau de radiotélescopes répartis sur la planète, les synchroniser entre eux et faire des calculs gigantesques pour arriver à transformer les données en une image. C'est une construction empirique qui dépend de concepts et de techniques très élaborées. Gaston Bachelard commenterait en disant que toute expérience scientifique est un moment de la pensée théorique, un résultat préparé et construit.
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Les classifications du savoir humain
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- Écrit par : Patrick Juignet
Raphaël Sandoz, (Unité d'histoire et philosophie des sciences Université de Genève), propose une nouvelle ressource numérique disponible en ligne : un étonnant et très utile "Atlas historique interactif des disciplines". On y trouvera les diverses descriptions et classifications de l'ensemble du savoir humain au fil des siècles.
Ce site vise à retracer l'évolution des diverses disciplines du savoir humain au cours des siècles — de Platon à Piaget — à travers des "cartes du savoir" classées chronologiquement ou par pays. La plupart des disciplines figurant dans ces figures schématiques sont assorties de définitions issues des sources historiques.
Des outils de recherche permettent d'interroger cette base de données permettant, par exemple, d'afficher les redéfinitions successives d'une même discipline au cours du temps. Ceci permet d'étudier la façon dont la "table des matières" des connaissances humaines a évolué et été sans cesse remaniée à travers l'histoire. En outre, ce projet est participatif : les usagers du site peuvent proposer de nouvelles définitions disciplinaires ou ajouter des références bibliographiques. Un outil très utile pour les chercheurs en épistémologie historique, philosophie de la connaissance, en histoire des idées et en histoire des sciences.
Disponible à l'adresse : http://atlas-disciplines.unige.ch
Le fantasme despotique par Elias Canetti
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- Écrit par : Patrick Juignet
Le " fantasme despotique " évoqué par Elias Canetti est tellement saisissant de vérité que cela vaut le coup de le noter.
Le despote veut rester le seul et unique survivant, géant tout-puissant dressé au-dessus des corps de ses ennemis et de ses hommes morts.
« Il se voit, il se sent seul, et s’agissant de la puissance que lui confère cet instant, il ne faut jamais oublier qu’elle découle de son unicité et d’elle seule », écrit Canetti dans Masse et puissance (Masse et puissance, Gallimard, Paris, 2015, p. 241.).
Dans le chapitre intitulé « Le Survivant », l'auteur évoque l’imaginaire paranoïaque de cet « héroïque » maître. Que cherche-t-il ? « À se sentir invulnérable, immortel. Qui réussit à survivre souvent est un héros. Il est plus fort. Il possède davantage de vie. Les puissances supérieures lui sont propices » (Ibid p. 242).
C’est si plaisant pour le maître despotique de se sentir vivre plus fort que la guerre devient pour lui une « manie morbide, inguérissable » écrit Canetti, et qu’il court après la répétition et l'accumulation de sa « survie » dans la succession des combats.
La dimension psychopathologique ne peut être négligée dans les affaires politiques, tant en ce qui concerne les motivations des chefs que celles de leurs suiveurs.
Canetti E., Masse et puissance, Gallimard, Paris, 2015.