Actualités philosophiques, scientifiques et sociétales
Fermentation et génération spontanée
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- Écrit par : Patrick Juignet
Soutenance de thèse de doctorat en Épistémologie, histoire des sciences et des techniques :
Fermentation et génération spontanée : de Pierre Jean-François (1775-1840) à Antoine Béchamp (1816-1908)
Par Yacuba Kone
Le jeudi 05 décembre 2024 à 9h30 au Campus Pont-de-Bois dans la salle A1.366 du laboratoire IRHIS, Université de Lille, campus Pont-de-Bois (3 rue du Barreau, 59650 Villeneuve d’Ascq).
Au carrefour des réflexions sur les fermentations et les générations spontanées au XIXe siècle, se rencontrent la philosophie, la biologie, la chimie et la médecine. La problématique de l’origine de la vie, associée à l’hypothèse des générations spontanées, est étroitement liée à l’histoire de la fermentation de la fin du XVIIIe et tout le XIXe siècle. Deux grands paradigmes, à savoir la théorie chimique et la théorie physiologique, proposent d’expliquer la cause et les mécanismes de la fermentation qui était longtemps considérée par les savants comme un phénomène mystérieux.
Les chimistes considèrent la fermentation comme un phénomène de catalyse dans lequel le ferment décompose le sucre pour produire de l’acide carbonique et l’alcool. D’autres chimistes tels que Liebig, soutiennent qu’elle est un phénomène de contact. Ils considèrent le ferment comme une substance morte d’origine végétale ou animale qui communique, par le contact, son mouvement de corruption à la matière fermentescible.
Quant à la théorie physiologique, elle considère que la levure, par exemple, est composée de globules vivants et organisés. De Cagniard-Latour à Louis Pasteur, en passant par Turpin et Béchamp, la fermentation est présentée comme un phénomène « corrélatif d’un acte vital ».
L’une des grandes controverses (scientifiques génération spontanée contre transmission vitale) s'alimente de cette opposition concernant la fermentation. La théorie chimique est compatible avec l’hypothèse de la génération spontanée alors que la thèse vitaliste du ferment réfute la génération spontanée.
Pendant ce temps, le développement de la biologie se poursuit. La théorie des germes (théorie microbienne) parvient à vaincre l’hypothèse de la génération spontanée. Toutefois, l'observation de la fermentation sans cellules vivantes par Edouard Buchner ruine les prétentions de la théorie des germes concernant la fermentation. La théorie des microzymas (substances qui seraient responsables des réactions chimiques au niveau microscopique) tente de se poser en arbitre de la controverse.
La théorie microbienne de la maladie connaît finalement un destin plus heureux avec les succès de la vaccination, malgré les critiques ou réserves des médecins. Le « mythe » pastorien s’est construit autour de ces succès.
Comment un pluralisme scientifique peut-il être ontologique ?
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- Écrit par : Patrick Juignet
Conférence de Sélène Domino
Mercredi 11 décembre 2024 de 18h00 à 19h30
l'IHPST, 13 rue du Four, 2e étage (salle de conférence), 75006 Paris.
La pluralité scientifique, soit le constat que nous ne disposons pas d’un système cohérent, unique et achevé de connaissance du monde, est une évidence. Les conséquences de ce fait sur la nature des sciences, de la connaissance, et de la réalité laissent place à une diversité d’interprétations. Certaines de ces positions philosophiques sont monistes (visant à unifier les sciences ou la réalité), d’autres pluralistes (considérant la pluralité scientifique comme indépassable, voire désirable). Le pluralisme, à son tour, peut se comprendre comme épistémologique (où la pluralité est due aux contraintes de la connaissance, malgré un réel unique et cohérent), ou comme ontologique (où la pluralité est inhérente à la réalité).
J’aimerais offrir ici une élaboration de ce concept de pluralisme ontologique. Cela nécessitera d’expliciter ce « pluralisme », soit de préciser à quels niveaux peut se situer la coexistence de plusieurs conceptions différentes qui ne se résolvent pas dans la cohérence moniste. Puis, je montrerai comment le point de départ scientifique et l’hypothèse pluraliste contraignent les sens que l’on peut accorder ici au terme « ontologie ». En particulier, nous verrons qu’ils mènent à un affaiblissement de la distinction entre ontologique et épistémologique.
À partir de là, j’interrogerai quelle trajectoire argumentative peut être dégagée pour que la pluralité scientifique, particulièrement celle caractérisée en détail par une philosophie empirique des sciences (telle que celle que je mène actuellement en biologie), puisse justifier ce pluralisme ontologique, et non seulement un pluralisme scientifique ou épistémologique. Mon intervention proposera une discussion des distinctions conceptuelles menant à ces questions, et ébauchera des éléments de réponse en visant à les replacer dans le long débat sur le rapport entre connaissance et réalité.
Lien Zoom pour ceux et celles qui ne pourraient pas être présents :
https://pantheonsorbonne.zoom.us/j/94690975207?pwd=J3ToEUjUwCqZixrujRAhi7wFIgiJ96.1
Littérature et nouvelles théories du texte
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- Écrit par : Patrick Juignet
Un demi-siècle après des mises en garde remarquées contre le « démon » de la théorie et le « mirage » linguistique, les études littéraires et les sciences du langage se sont notoirement éloignées, non sans dommages réciproques, alors qu’elles avaient collaboré depuis l’Antiquité, des exigences de la philologie aux enquêtes critiques de l’herméneutique.
En France, la persistance de la stylistique au programme des concours a maintenu des liens encore ténus. Mais qu’en est-il par exemple, de la narratologie, de la poétologie, du structuralisme, de l’histoire de la langue, de la théorie des genres, de la traductologie ? L’interdisciplinarité que beaucoup appellent de leurs vœux exige des projets épistémologiques compatibles sinon comparables. Et pourtant, le statut académique des Humanités reste mal assuré, alors même que les études littéraires en constituent l’essentiel. Les arts et tout particulièrement les arts du langage ont été et demeurent un objet privilégié des sciences de la culture. À ce titre, les études littéraires assument une responsabilité particulière.
La création en 2024 d’une nouvelle revue Pegasus – Pour un laboratoire expérimental et appliqué de théorie littéraire (éditions Classiques Garnier) favorise un tour d’horizon qui paraît nécessaire : elle se propose, en effet, d’appréhender les textes par la typologie et la modélisation en invitant, dans une logique interdisciplinaire, à la pratique et à l’exploration. À l’occasion du lancement de la revue, cette table ronde réunira certains auteurs des deux premiers numéros et des théoriciens concernés par ces thématiques et précisera la visée épistémologique d’une telle démarche.
Le mardi 10 décembre 2024, 18h-19h15
En ligne, lien accessible à tous :
https://cnrs.zoom.us/j/93675114428?pwd=K43Ub4Q6avcYRuJot8fOIaWad1kxV2.1