Actualités philosophiques, scientifiques et sociétales
Un très utile appel aux Lumières
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- Écrit par : Patrick Juignet
C’est pour lutter contre le pessimisme ambiant que Steven Pinker, professeur de psychologie à Harvard, a écrit son livre Enlightenment Now. Il vient d'être traduit en français par Daniel Mirsky, grâce aux Éditions des Arènes, sous le titre Le triomphe des Lumières. Avec comme sous-titre : pourquoi il faut défendre la raison, la science et l’humanisme ?
Voilà une initiative bien utile en France, pays envahi par le catastrophisme et le scepticisme postmoderne. Chiffres à l’appui, Steven Pinker montre que la santé, la prospérité, la sécurité et la paix sont en hausse dans le monde entier. Ce progrès est un legs du siècle des Lumières animé par des idéaux puissants : la raison, la science et l’humanisme. C’est peut-être le plus grand succès de l’histoire de l’humanité.
Cependant, plus que jamais, ces valeurs ont besoin d’une défense vigoureuse. Le projet des Lumières va à contre-courant de la nature humaine, de ses tendances au tribalisme, à l’autoritarisme et à la pensée magique : autant de biais qui nourrissent les populismes et les dérives religieuses.
Steven Pinker propose ici un plaidoyer pour la raison, la science et l’humanisme. Ces idéaux sont nécessaires pour relever les défis d’aujourd’hui. Le cynisme et le catastrophisme sont dangereux pour la démocratie et la coopération mondiale. Plus que jamais, il faut défendre la raison, la science et l’humanisme, valeurs à opposer à la croyance et à l'ignorance qui connaissent de nos jours un étrange regain. « Enlightenment Now » : oui, nous avons bien besoin !
Pinker S., Le triomphe des Lumières, Paris, Éditions des Arènes, 2019.
Quel usage de la science fondamentale ?
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- Écrit par : Patrick Juignet
Le travail scientifique fondamental n’a pas d'applications techniques immédiates, utilisables dans l’industrie avec un retentissement économique rapide. Mais, il a quand même des effets de ce type à plus ou moins long terme. Donnons des exemples de ce décalage temporel entre les applications et les découvertes initiales.
Albert Einstein a créé des équations pour le laser en 1917, mais ce n’est qu’en 1960 que Theodore Maiman a fait la première démonstration du laser. Isidor Rabi a mesuré la résonance magnétique nucléaire la première fois en 1938. Il a reçu le Prix Nobel de physique en 1944 pour sa recherche, qui a mené à l’invention de l’imagerie par résonance magnétique ou IRM. Mais, le premier examen par IRM sur un patient humain a eu lieu en 1977.
Le dernier prix Nobel de Physique a été décerné en décembre 2018 à Donna Strickland et Gérard Mourou pour des recherches sur les lasers. Les résultats ont changé la façon dont on explique l’interaction des atomes avec la lumière à haute intensité. Cette recherche développée vers 1985 a eu, après une décennie, des applications pratiques dans la découpe fine des matériaux, ce qui a un intérêt en chirurgie ou dans l'industrie
L'idée d'une science fondamentale inutile, car sans sans effets pratiques, est sans fondement. Le vrai problème est ailleurs. C'est celui de savoir quel usage sera fait des techniques découlant des découvertes. Il faut questionner à chaque fois le projet économique et politique pour lequel ces techniques sont utilisées. Se pose aussi le problème des effets sociaux de cet emploi de technologies nouvelles, effets peu prévisibles, le plus souvent déstabilisants. L'utilisation - ou pas - de techniques nouvelles a toujours une dimension économique et sociale ; elle dépend de choix qui sont de nature politique.
Philosophies de la ressemblance
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- Écrit par : Philosophia Scientiæ
Personne ne nierait que les chats se ressemblent sous un grand nombre de rapports, ni ne douterait du fait qu’ils ressemblent plus aux chiens qu’aux bactéries. Il semble légitime de croire que c’est en vertu d'une similarité d’ensemble que nous pouvons dire que certains individus appartiennent à une même espèce. Ces intuitions partagées suggèrent que la ressemblance jouerait un rôle sur le plan épistémique. Elle sous-tendrait nos classifications et taxonomies, et serait à la source des raisonnements analogiques et inductifs.
Cette place de la ressemblance dans le discours ordinaire et scientifique appelle des hypothèses métaphysiques ou ontologiques. Pour certains, nos jugements de ressemblance seraient ultimement dépendants de (et justifiés par) une organisation intrinsèque de la réalité. Il y a, en épistémologie et en philosophie des sciences, un écho direct à ces discussions sur le concept de ressemblance. Toute démarche inductive a partie liée avec le repérage de régularités qui se jouent au niveau des phénomènes naturels. Il revient ainsi au scientifique d’identifier des événements qui se répètent et donc de définir – sinon de construire – un format pour la ressemblance signifiante. Souvent, le scientifique doit prendre des décisions normatives – tout à la fois pratiques et théoriques - relativement au type de ressemblance retenu comme pertinent dans un contexte donné et dans une discipline particulière. Mais, que faire de telles décisions ?