Philosophie Actualité
Un Chacun par Pieter Brueghel l'Ancien
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- Écrit par : Patrick Juignet
Sur cette gravure de 1566, on voit des hommes cherchant, au milieu d'une foule d'objets hétéroclites, la lanterne qui les éclairera. L'un d'eux l'ayant trouvée enjambe sans s'y intéresser le globe terrestre et un autre la garde précieusement tout en restant caché dans un tonneau. D'autres personnages se disputent sottement une couverture.
La Physique selon Pierre Duhem
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- Écrit par : Patrick Juignet
Dans La Théorie physique, son objet, sa structure (1906), L'auteur écrit :
« En regardant la théorie physique comme une explication hypothétique de la réalité matérielle, on la place sous la dépendance de la Métaphysique. [...] Ne pourrait-on assigner à la physique un objet tel qu'elle devint autonome ? (p. 25).
Pierre Duhem propose alors la définition suivante :
« Une théorie physique n'est pas une explication. C'est un système de propositions mathématiques, déduites d'un petit nombre de principes, qui ont pour but de représenter aussi simplement, aussi complètement et aussi exactement que possible, un ensemble de lois expérimentales (p. 26). L'accord avec l'expérience est, pour une théorie physique l'unique criterium de vérité (p. 28).
Cependant il y a un problème :
« Une théorie physique ne peut se souder aux faits observables que par une traduction...qui remplace le langage de l'observation par le langage des nombres (p. 215).
Il faut donc considérer la transformation des faits en des abstractions pouvant être théorisées :
« Une expérience de Physique est l'observation précise d'un groupe de phénomènes, accompagnée de l'interprétation de ces phénomènes ; cette interprétation substitue aux données concrètes réellement recueillies par l'observation des représentations abstraites et symboliques qui leur correspondent en vertu des théories que l'observateur admet » (p. 238).
Duhem P., La Théorie physique, son objet, sa structure, Paris, Chevalier et Rivière, 1906.
Cerveau reptilien
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- Écrit par : Patrick Juignet
La vulgarisation aboutit assez souvent à des savoirs distincts et nettement différents du savoir d’origine.
Dans le domaine des neurosciences, qui a bénéficié du renouveau des idéologies biologisantes en France depuis les années 1970, la théorie du cerveau reptilien s’est largement diffusée. Partant d’un cadre historique général, présenté dans Le Singe, le gène et le neurone (2013), la théorie selon laquelle l’Homme aurait une partie de son cerveau du même type que celui des reptiles s’est répandue.
Cette affirmation, qui n’est pas fondée scientifiquement, a été largement reprise et diffusée. Sébastien Lemerle (Université Paris Nanterre) montre avec les outils de la démarche sociologique que cela vient de contraintes, internes et externes, propres à la vulgarisation scientifique.
Lemerle S., Cerveau reptilien. Sur la popularité d'une erreur scientifique, Paris, CNRS éditions, 2021.