Actualités philosophiques, scientifiques et sociétales
Le réductionnisme en psychiatrie
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- Écrit par : Patrick Juignet
Le motif principal du réductionnisme en psychiatrie vient de l’impossibilité de penser de manière rationnelle l’esprit, ou le psychisme, ou le mental, etc, quelle que soit l’appellation. En conséquence, on ne s’occupera que des dysfonctionnements neurobiologiques et le reste sera considéré comme secondaire. Cette approche se concentre sur le cerveau et ses processus biochimiques pour comprendre et traiter les conduites pathologiques et maladies mentales.
Pour le matérialisme tous les phénomènes, y compris la conscience et les troubles mentaux, peuvent être expliqués par des processus physiques et chimiques. Selon cette vue, comprendre le cerveau au niveau moléculaire et génétique serait suffisant pour expliquer tous les aspects de la santé mentale. Accessoirement, le modèle réductionniste semble cadrer avec l'approche médicale traditionnelle des maladies, où la cause biologique est identifiée puis traitée spécifiquement. Mais ceci est une illusion, car dans la médecine organique la chaine causale entre la lésion et le symptôme est démontrée, ce qui n'est pas le cas en psychopathologie dans de nombreuses circonstances. A contrario, on peut montrer l’existence d’un niveau cognitif et représentationnel, et de manière plus large du psychisme, de façon rationnelle et argumentée. Cela sans faire appel ni à l’esprit, ni à une quelconque substance immatérielle !
Voir l'article : Ontologie du cognitif
La confusion sémantique, arme idéologique
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- Écrit par : Patrick Juignet
Idéologie n’est pas philosophie. L'idéologie opère, entre autres, par la corruption du langage. Nathalie Heinich note qu’elle opère par « entrisme sémantique, grâce auquel des mots à la connotation éminemment progressiste sont détournés vers des causes qui le sont beaucoup moins ».
Comme l’écrit Samuel Fitoussi, « la confusion sémantique – celle que dénonçait Orwell en 1946 – permet à des idées régressives, empaquetées dans des mots positivement connotés, de se déguiser en combats apolitiques et universels, de gagner du terrain grâce aux idiots utiles bien intentionnés. Et au wokisme de s’institutionnaliser, jusqu’à se confondre avec la neutralité » (S. Fitoussi, Woke fiction. Comment l’idéologie change nos films et nos séries, Le Cherche-Midi, 2023, p. 322).
Par exemple, Nathalie Heinich indique qu’il faut se méfier désormais du mot diversité, « car au-delà de sa connotation sympathique, ouverte, accueillante, il signifie de fait l’imposition d’une vision communautariste de la citoyenneté, où les individus doivent être traités en tant que membres d’une « communauté » et non pas comme membres d’une nation, voire de la commune humanité ».
Fait suite, dans son article « L’entrisme sémantique du wokisme », l’analyse fine d’une liste des mots détournés de leur signification à des fins idéologiques.
Heinich, Nathalie. L’entrisme sémantique du wokisme. 2023. Télos. https://www.telos-eu.com/fr/societe/culture/lentrisme-semantique-du-wokisme.html
L’ignorance en sciences
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- Écrit par : Patrick Juignet
Au plus simple, on peut définir l’ignorance comme l’absence de savoir.
L'ignorance, si elle est consciente d'elle-même, peut être le point de départ d'une enquête scientifique. Mais elle n'est jamais suffisante. Il faut qu'elle s'accompagne d'une volonté et d'une possibilité de connaitre. Le chercheur identifie un domaine vis-à-vis duquel le savoir est pauvre ou inexistant, ce qui l'amène, le cas échéant à entreprendre une recherche. Cette forme d'ignorance est partielle, car il faut quand même arriver à désigner ce qui est inconnu, et donc en avoir une prescience.
L'ignorance peut être systématique, car certains domaines ne sont pas intégrés ou pas intégrables dans les cadres conceptuels, méthodologiques ou institutionnels de la science en cours. C'est le résultat de limitations dans les approches de recherche, de biais dans la sélection des sujets étudiés, ou encore de contraintes financières ou éthiques qui limitent les questions pouvant être posées. Sur un plan cognitif, l'absence de recherche peut venir du refus de la nouveauté, de l'impossibilité d'envisager ce qui contredit le paradigme accepté.
L'ignorance peut aussi concerner un savoir existant dans un domaine scientifique donné. La raison principale de l’ignorance est alors l’absence de transmission du savoir. S’interroger sur l’absence de transmission d’un savoir inexistant est absurde et sur l’absence de transmission d’un savoir inutile et périmé est de peu d’intérêt. Par contre, il est important, du point de vue de l'évolution des sciences et de la préservation de leur qualité, de comprendre pourquoi certains savoirs utiles, tombent dans l’oubli ou deviennent marginaux.