Actualités philosophiques, scientifiques et sociétales
Comment un pluralisme scientifique peut-il être ontologique ?
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- Écrit par : Patrick Juignet
Conférence de Sélène Domino
Mercredi 11 décembre 2024 de 18h00 à 19h30
l'IHPST, 13 rue du Four, 2e étage (salle de conférence), 75006 Paris.
La pluralité scientifique, soit le constat que nous ne disposons pas d’un système cohérent, unique et achevé de connaissance du monde, est une évidence. Les conséquences de ce fait sur la nature des sciences, de la connaissance, et de la réalité laissent place à une diversité d’interprétations. Certaines de ces positions philosophiques sont monistes (visant à unifier les sciences ou la réalité), d’autres pluralistes (considérant la pluralité scientifique comme indépassable, voire désirable). Le pluralisme, à son tour, peut se comprendre comme épistémologique (où la pluralité est due aux contraintes de la connaissance, malgré un réel unique et cohérent), ou comme ontologique (où la pluralité est inhérente à la réalité).
J’aimerais offrir ici une élaboration de ce concept de pluralisme ontologique. Cela nécessitera d’expliciter ce « pluralisme », soit de préciser à quels niveaux peut se situer la coexistence de plusieurs conceptions différentes qui ne se résolvent pas dans la cohérence moniste. Puis, je montrerai comment le point de départ scientifique et l’hypothèse pluraliste contraignent les sens que l’on peut accorder ici au terme « ontologie ». En particulier, nous verrons qu’ils mènent à un affaiblissement de la distinction entre ontologique et épistémologique.
À partir de là, j’interrogerai quelle trajectoire argumentative peut être dégagée pour que la pluralité scientifique, particulièrement celle caractérisée en détail par une philosophie empirique des sciences (telle que celle que je mène actuellement en biologie), puisse justifier ce pluralisme ontologique, et non seulement un pluralisme scientifique ou épistémologique. Mon intervention proposera une discussion des distinctions conceptuelles menant à ces questions, et ébauchera des éléments de réponse en visant à les replacer dans le long débat sur le rapport entre connaissance et réalité.
Lien Zoom pour ceux et celles qui ne pourraient pas être présents :
https://pantheonsorbonne.zoom.us/j/94690975207?pwd=J3ToEUjUwCqZixrujRAhi7wFIgiJ96.1
Littérature et nouvelles théories du texte
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- Écrit par : Patrick Juignet
Un demi-siècle après des mises en garde remarquées contre le « démon » de la théorie et le « mirage » linguistique, les études littéraires et les sciences du langage se sont notoirement éloignées, non sans dommages réciproques, alors qu’elles avaient collaboré depuis l’Antiquité, des exigences de la philologie aux enquêtes critiques de l’herméneutique.
En France, la persistance de la stylistique au programme des concours a maintenu des liens encore ténus. Mais qu’en est-il par exemple, de la narratologie, de la poétologie, du structuralisme, de l’histoire de la langue, de la théorie des genres, de la traductologie ? L’interdisciplinarité que beaucoup appellent de leurs vœux exige des projets épistémologiques compatibles sinon comparables. Et pourtant, le statut académique des Humanités reste mal assuré, alors même que les études littéraires en constituent l’essentiel. Les arts et tout particulièrement les arts du langage ont été et demeurent un objet privilégié des sciences de la culture. À ce titre, les études littéraires assument une responsabilité particulière.
La création en 2024 d’une nouvelle revue Pegasus – Pour un laboratoire expérimental et appliqué de théorie littéraire (éditions Classiques Garnier) favorise un tour d’horizon qui paraît nécessaire : elle se propose, en effet, d’appréhender les textes par la typologie et la modélisation en invitant, dans une logique interdisciplinaire, à la pratique et à l’exploration. À l’occasion du lancement de la revue, cette table ronde réunira certains auteurs des deux premiers numéros et des théoriciens concernés par ces thématiques et précisera la visée épistémologique d’une telle démarche.
Le mardi 10 décembre 2024, 18h-19h15
En ligne, lien accessible à tous :
https://cnrs.zoom.us/j/93675114428?pwd=K43Ub4Q6avcYRuJot8fOIaWad1kxV2.1
Une science de la structure sociale ?
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- Écrit par : Patrick Juignet
Lahire Bernard, Les structures fondamentales des sociétés humaines, Paris, Éditions La découverte, 2023.
Dans Les structures fondamentales des sociétés humaines, Bernard Lahire s’essaye à une socio-anthropologie intéressante. Il désigne comme objet de son travail « la structure sociale fondamentale », « l’organisation sociale ». La cartographie du social qu’il dresse s’appuie sur l’identification de lignes de force et de grands faits anthropologiques. Il dresse le tableau complexe d'une anthropologie sociale qui relie individu et société.
Nombre de sociologues ne croient pas (plus) à la possibilité de trouver des lois ou au moins des lignes de force communes aux diverses sociétés. Il y a une tendance contemporaine à l’oubli du réel en anthropo-sociologie et à nier la possibilité de loi scientifique. Bernard Lahire affirme que c'est possible et montre quelles solutions se présentent pour réaliser ce projet.
En premier lieu, il faut démentir le dogme actuel selon lequel les sciences sociales ne seraient pas comme les autres et seraient vouées au relativisme et au nominalisme épistémologique. « Les chercheurs en sciences sociales se sont très largement engagées dans la voie d’un hyper-constructivisme ou d’un nominalisme épistémologique radical », écrit Bernard Lahire. Il y a un combat épistémologique à mener en faveur de la scientificité, ce qui parait étonnant en ce début de XXIe siècle, mais ne l'est pas tant que cela au vu de la vague de scepticisme déconstructif.
Disponible en livre version papier au prix de 32 € et en version numérique pour 23,99 €.
Mots-clés
société, sociologie, anthropologie, science épistémologie de la sociologie.