Actualités philosophiques, scientifiques et sociétales
Synchronisation des neurones et mathématiques
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- Écrit par : Patrick Juignet
Constitué d’environ 86 milliards de neurones connectés entre eux par des synapses 10000 fois plus nombreuses, le cerveau humain commande le corps à travers une symphonie électrochimique permanente. Mais comment les neurones individuels communiquent-ils entre eux pour apporter une réponse globale adéquate ? Pour répondre à cette question aujourd’hui, il semble nécessaire d’allier les recherches de neuroscientifiques, de physiciens et de mathématiciens.
Des recherches ont mis en évidence une synchronisation en temps réel de l’activité neuronale de certaines zones du cerveau, ainsi que leur correspondance en termes de calcul vectoriel. Des modèles mathématiques constitués de réseaux d’équations différentielles ordinaires sont utilisés pour modéliser l’activité neuronale.
Voir : La symphonie des neurones ou les mathématiques du cerveau
Pour une reconstruction philosophique et culturelle
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- Écrit par : Patrick Juignet
Un projet de reconstruction intellectuelle, en opposition à la déconstruction en cours depuis maintenant un demi-siècle, a été lancé. Pour François Rastier, la déconstruction et le postmodernisme ont introduit une coupure dans l’histoire humaine. Ces doctrines récusent le projet historique et comparatif des sciences de la culture, comme celui des sciences en général, en relativisant et délégitimant l'idée de vérité. Elles fondent ainsi le régime de la post-vérité dans lequel tout point de vue peut se prétendre vrai. Il importe maintenant, selon, lui de formuler le programme d’une reconstruction.
Un constat accablant
François Rastier écrit :
« Un mouvement informel et informe diffuse une conception délétère du monde, où la science n’a pas plus de valeur qu’une croyance ou une religion. Pour certains, la Terre reste plate, les vaccins ne servent à rien d’autre qu’à nous contrôler, les masques nous bâillonnent… D’autres contestent la « domination » des européens en Europe au motif d’un péché originel accablant le « patriarcat blanc hétérosexuel ». Un peu partout, des groupes identitaires fondés sur le sexe, la couleur de peau, la nationalité, se sont constitués et multiplient les divisions, comme s’ils préparaient la guerre de tous contre tous ».
Lire la suite : Pour une reconstruction philosophique et culturelle
Changement climatique
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- Écrit par : Patrick Juignet
En 2017 la revue Bio Science a alerté sur la dégradation de l’environnement. Cette alerte se fondait sur neuf indicateurs mondiaux, dont l'évolution a été suivie de 1960 à 2016. Les résultats sont les suivants :
Le point positif est que le taux d'ozone stratosphérique a diminué grâce au protocole de Montréal (1987). Pour le reste :
- Les ressources en eau douce par habitant ont été divisées de moitié par rapport à 1960.
- Les limites d'une pêche soutenable sont dépassées depuis 1992.
- Les zones maritimes mortes ont augmenté en nombre.
- De grandes superficies forestières ont été perdues entre 1990 et 2015.
- Les espèces vertébrées ont diminué de 58% entre 1970 et 2012.
- Après une courte stabilisation, une nouvelle hausse des émissions de CO₂ a lieu.
- Nous vivons les années les plus chaudes parmi celles connues.
- Les humains pourraient être environ 11 milliards en 2100.
Depuis 2017, tout s’est aggravé sauf le taux d'ozone qui reste bas. Bien que cela soit maintenant connu et reconnu, les actions pour endiguer la dégradation de l’environnement sont très insuffisantes. La raison en est la puissance de la « mégamachine » évoquée dans l’article précédent. L’impossibilité de la freiner conduit à une modification de l’écosystème, dont on voit bien qu’il va provoquer des bouleversements dans la biosphère et dans le climat.
La mégamachine
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- Écrit par : Patrick Juignet
Le livre La fin de la mégamachine retrace les origines et le développement d’un système à la fois technique, économique et politique que Fabian Scheidler appelle la « mégamachine ». Il propose un grand récit socio-anthropologique éclairant.
À l’origine de la mégamachine, l’auteur place la volonté de domination. Cette volonté porte sur l’Homme, sur la matière, et plus généralement sur la nature. On la trouve présente depuis l’Antiquité jusqu'à la période moderne. Elle s’appuie sur le pouvoir physique fondé sur de la violence, le pouvoir socio-économique qui enrôle et dompte (en particulier au moyen de la dette) et le pouvoir idéologique qui légitime l’asservissement. Ces contraintes engendrent une quatrième tyrannie, la tyrannie de la pensée linéaire, c’est-à-dire l’idée d’une relation entre une cause et un effet unique et prévisible, à la manière d’un ordre donné. Ces quatre tyrannies forment les briques de base de la mégamachine.
Ce système produit une accumulation de marchandises au prix de la destruction de l’environnement. Des richesses inouïes côtoient la grande pauvreté, des salariés accablés de travail sont face à des désœuvrés misérables. C’est la conséquence de la gigantesque machinerie économique qui entraîne hommes, matières et animaux dans une course productiviste sans finalité établie.
Le livre de Fabian Scheidler montre comment ce ne sont pas la quête du savoir, l’amour du prochain, la joie de la découverte qui façonnent la trajectoire historique que nous suivons, mais la recherche du profit, l’attrait du pouvoir, la volonté d’asservir. Il fait ressortir la barbarie de la modernité, pour les humains comme pour la nature.
La mégamachine semble tantôt construite selon un plan, tantôt apparaît comme la propriété émergente du réseau des interactions en cours. Le caractère implacable de son développement absurde est bien mis en évidence. L’auteur met en évidence la puissance d’expansion de la mégamachine, sa capacité à se réinventer et à persévérer, quelles que soient les crises qu’elle traverse.
Schneider dénonce un système fondé sur le pillage qui s’est diffusé dans le monde entier. Ce système serait masqué par le mythe de la civilisation occidentale qui prône le progrès, la paix, et valorise le savoir, la culture et la liberté. Cette analyse post-moderne des valeurs humanistes comme masque de la barbarie est contestable. Qu'elles aient pu être utilisées de cette manière est un détournement.
L'humanisme et le libéralisme politique sont les seuls remèdes que nous ayons contre les idéologies qui prônent la force contre le droit, la tyrannie contre la démocratie, l’asservissement contre la liberté. L'humanisme et les Lumières ne sont pas un mythe ! Ce sont des doctrines philosophiques qui peuvent servir d'antidote à la barbarie.
Scheidler Fabian, La fin de la Mégamachine, Sur les traces d’une civilisation en voie d’effondrement, Paris, éditions du Seuil, 2020.