Philosophie et actualité
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- Écrit par : Patrick Juignet
Présent au Forum de Davos, en Suisse, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a dénoncé ce mercredi "le grand mensonge" sur le réchauffement climatique des géants pétroliers. "Certains producteurs d'énergies fossiles étaient parfaitement conscients dans les années 1970 que leur produit phare allait faire brûler la planète. Mais comme l'industrie du tabac, ils ont fait peu de cas de leur propre science. Certains géants pétroliers ont colporté le grand mensonge", a-t-il déclaré, lors d'une conférence. Ces déclarations font suite à la publication d'une étude dans la revue Science de janvier 2023. Elle démontre ainsi que le groupe américain ExxonMobil avait connaissance de ce risque depuis au moins quarante ans.
Selon ces recherches, le géant pétrolier disposait dès les années 1980 de prédictions sur le réchauffement climatique d'une justesse remarquable. Les inquiétudes soulevées par sa propre équipe de scientifiques se sont révélées être précisément ce qui s'est produit plusieurs décennies plus tard. Or, l'entreprise a pendant des années publiquement semé le doute sur l'état des connaissances scientifiques en la matière, utilisant même parfois la science contre elle-même à des fins commerciales et financières.
"Aujourd'hui, les producteurs de combustibles fossiles et ceux qui les soutiennent continuent de se battre pour accroître la production, tout en sachant pertinemment que leur modèle économique est incompatible avec la survie de l'humanité", déplore le représentant des Nations unies. "Cette folie relève de la science-fiction, alors que nous savons que l'effondrement de l'écosystème est un fait scientifique pur et dur", a martelé le dirigeant estimant que "nous flirtons avec le désastre climatique". La semaine dernière, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a confirmé que les huit dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées.
Informer sert-il à quelque chose, face aux intérêts concordants de l'industrie pétrolière et des États, ainsi qu'à l'indifférence de la majorité des citoyens ? Entre pouvoir politique et savoir, la relation est des plus ambigüe.
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- Écrit par : Patrick Juignet
L'astrophysique apporte en permanence des éléments pour construire un récit cohérent et réaliste de l'Univers. Le télescope James Webb a permis d'obtenir l'image d'une étoile en formation. Il en émane de la poussière et du gaz qui constituent un nuage en forme de sablier. Il s'agit de la protoétoile L1527, située dans la constellation du Taureau. Elle est cachée par le bord d'un disque de gaz en rotation au niveau du col du sablier. Sa lumière passe au-dessus et au-dessous de ce disque, éclairant le gaz et la poussière aux alentours.
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- Écrit par : Patrick Juignet
Une conférence d'Alfredo Paternoster "l’émergence de l’émergentisme dans les sciences cognitives" a tenté d'évaluer si l'approche actuellement influente en sciences cognitives de type Radical Embodied Cognitive Science (désormais RECS) peut être considérée comme une forme d'émergentisme.
Il semble qu'il y ait des analogies épistémologiques entre la RECS et l'émergentisme. Par contre, la métaphysique de la RECS n'est pas de type émergentiste, malgré quelques similitudes superficielles. Par conséquent, selon que l'on considère l'émergentisme comme une thèse épistémologique ou plutôt que comme une thèse métaphysique, la RECS peut être considérée comme émergentiste ou pas.
Sur le fond, Alfredo Paternoster considère l'émergentisme dans sa formulation standard essentiellement comme une thèse métaphysique, donc sa réponse à la question abordée est négative.
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- Écrit par : Super User
Les sciences étant cumulatives, la recherche scientifique peut être reprise au point actuel de son évolution sans avoir à refaire tout l'historique. L’intégration cumulative permet de repartir des acquis. On ne s'étonnera pas que la recherche sur l'histoire et la genèse des sciences soit plutôt dévolue aux historiens et aux philosophes.
L’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques (IHPST) est une unité mixte de recherche en philosophie des sciences. Les programmes de recherche de l’IHPST relèvent principalement de l’histoire et de la philosophie de la médecine, de la biologie et de la physique ; de l’histoire et philosophie de la logique, des mathématiques et de l’informatique ; et de l’histoire et philosophie générale des sciences et des techniques.
Au cours du temps, les priorités intellectuelles ont évolué : histoire des sciences (de 1932 à 1970), logique (de 1970 à 2002) puis philosophie des sciences (depuis 2002). L’Institut a cependant toujours rassemblé des chercheurs de double compétence, scientifique et philosophique. Aujourd’hui, la philosophie des sciences pratiquée à l’IHPST intègre à la fois la tradition de l’épistémologie historique et la philosophie analytique des sciences. La recherche se fait le plus souvent en collaboration : avec d’autres chercheurs en philosophie des sciences ou des scientifiques, ou avec d’autres équipes, en France, en Europe et à l’international.
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- Écrit par : Patrick Juignet
Drôle de titre pour parler du continent sémiotico-langagier. C'est parce que Xavier Giannoli en donne une illustration étonnante et saisissante. Dans une série de films, Superstar (2012), L’ Apparition (2018) et Les illusions perdues (2021), Giannoli évoque l’exacerbation par le journalisme et les réseaux sociaux de la rumeur. Cet aspect est montré avec d’autant plus de force qu’il est, dans les cas présentés, sans contenu. Dans Superstar, une énorme rumeur se développe autour du héros à partir de rien, dans L’ Apparition, elle est motivée par une apparition miraculeuse douteuse et, dans Les illusions perdues, elle est créée de toute pièce à des fins publicitaires. Xavier Giannoli montre l'intense mobilisation sociale générée par ces rumeurs sans fondement.
Quand elle a un contenu, on désigne cette rumeur par celui-ci et l’on dit, c’est une idéologie, un mythe, de la propagande politique, des informations journalistiques, de la publicité. Mais ce faisant, on néglige que cette dimension discursive et imagée existe par elle-même avec une grande force. Elle s’intègre à la culture au sens large (normes, règles, langage, lois, idéologie, imaginaire, arts, sciences et techniques) qui, elle-même, permet l’interaction collective, l’échange et, par voie de conséquence, la socialisation. On peut aussi dire comme François Rastier que le sémiotique « est une part essentielle de l’environnement humain en quelque sorte un milieu » (Rastier François, Faire sens De la cognition à la culture, Paris, Classiques Garnier, 2018, p. 29.).