Actualités philosophiques, scientifiques et sociétales
Littérature et nouvelles théories du texte
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- Écrit par : Kurts-Wöste Lia
Pour ainsi dire totalement occulté par la sémiotique française, et largement négligé par la sémiotique contemporaine, le champ d’investigation des sciences de la culture n’est pourtant ni nouveau ni inconnu sur le plan international. Né au début du siècle dernier dans l’espace germanique, il a permis de réinscrire la connaissance scientifique dans une vaste réflexion critique et fédérative sur la diversité des conditions d’accès au sens propre à l’humain – de la science aux mythes, en passant par les arts et les rites ; de l’expérience perceptive la plus rudimentaire aux formes culturelles les plus sophistiquées.
Un demi-siècle après des mises en garde remarquées contre le « démon » de la théorie et le « mirage » linguistique, les études littéraires et les sciences du langage se sont notoirement éloignées, non sans dommages réciproques, alors qu’elles avaient collaboré depuis l’Antiquité, des exigences de la philologie aux enquêtes critiques de l’herméneutique.
En France, la persistance de la stylistique au programme des concours a maintenu des liens encore ténus. Mais qu’en est-il par exemple, de la narratologie, de la poétologie, du structuralisme, de l’histoire de la langue, de la théorie des genres, de la traductologie ? L’interdisciplinarité que beaucoup appellent de leurs vœux exige des projets épistémologiques compatibles sinon comparables. Et pourtant, le statut académique des Humanités reste mal assuré, alors même que les études littéraires en constituent l’essentiel. Les arts et tout particulièrement les arts du langage ont été et demeurent un objet privilégié des sciences de la culture. À ce titre, les études littéraires assument une responsabilité particulière.
La création en 2024 d’une nouvelle revue Pegasus – Pour un laboratoire expérimental et appliqué de théorie littéraire (éditions Classiques Garnier) favorise un tour d’horizon qui paraît nécessaire : elle se propose, en effet, d’appréhender les textes par la typologie et la modélisation en invitant, dans une logique interdisciplinaire, à la pratique et à l’exploration. À l’occasion du lancement de la revue, cette table ronde réunira certains auteurs des deux premiers numéros et des théoriciens concernés par ces thématiques et précisera la visée épistémologique d’une telle démarche.
Une science de la structure sociale ?
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- Écrit par : Patrick Juignet
Lahire Bernard, Les structures fondamentales des sociétés humaines, Paris, Éditions La découverte, 2023.
Dans Les structures fondamentales des sociétés humaines, Bernard Lahire s’essaye à une socio-anthropologie intéressante. Il désigne comme objet de son travail « la structure sociale fondamentale », « l’organisation sociale ». La cartographie du social qu’il dresse s’appuie sur l’identification de lignes de force et de grands faits anthropologiques. Il dresse le tableau complexe d'une anthropologie sociale qui relie individu et société.
Nombre de sociologues ne croient pas (plus) à la possibilité de trouver des lois ou au moins des lignes de force communes aux diverses sociétés. Il y a une tendance contemporaine à l’oubli du réel en anthropo-sociologie et à nier la possibilité de loi scientifique. Bernard Lahire affirme que c'est possible et montre quelles solutions se présentent pour réaliser ce projet.
En premier lieu, il faut démentir le dogme actuel selon lequel les sciences sociales ne seraient pas comme les autres et seraient vouées au relativisme et au nominalisme épistémologique. « Les chercheurs en sciences sociales se sont très largement engagées dans la voie d’un hyper-constructivisme ou d’un nominalisme épistémologique radical », écrit Bernard Lahire. Il y a un combat épistémologique à mener en faveur de la scientificité, ce qui parait étonnant en ce début de XXIe siècle, mais ne l'est pas tant que cela, au vu de la très lente évolution des sciences humaines et sociales et de la vague de scepticisme et de relativisme qui les a frappées.
Disponible en livre version papier au prix de 32 € et en version numérique pour 23,99 €.
Mots-clés
société, sociologie, anthropologie, épistémologie de la sociologie.
Voir l'article Les sciences sociales : des sciences comme les autres
Médecine et psychanalyse
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- Écrit par : Patrick Juignet
Delourmel Christian, Médecine et psychosomatique (Discontinuité et unité de la vie psychosomatique), Paris, Éditions d'Ithaque, 2024.
Médecin, psychiatre et psychanalyste, Christian Delourmel expose une réflexion sur les rapports entre le psychisme et le somatique à partir de questions soulevées par ses cinquante-deux ans de pratique thérapeutique. Il rapporte d'abord des cas qui ne trouvaient aucune intelligibilité à la lumière de la médecine somatique ce qui laisse supposer une implication de la vie psychoaffective et sociale dans le déclenchement et dans la dynamique de ces pathologies.
Dans la partie théorique, l'auteur interroge les rapports de continuité et de discontinuité existant entre la vie psychique et la vie somatique, et met en relation des concepts biologiques et psychanalytiques. Il se réfère volontiers pour les questions de complexité et d'émergence à Edgar Morin et à Henry Atlan, et pour ce qui est de la psychanalyse à Pierre Marty et André Green.
Delourmel applique l'idée de travail du négatif, terme qui désigne les procédés par lesquels le psychisme intègre, transforme, symbolise (ou échoue à symboliser), les manques, les pertes, les expériences de désinvestissement émotionnel. Ce processus complexe peut jouer un rôle structurant ou, au contraire, déstructurant dans la vie psychique du sujet, aboutissant à des somatisations.
Disponible en livre papier broché, 222 pages, 22 €.
Mots-clés
médecine, psychanalyse, psychosomatique