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- Écrit par : Patrick Juignet
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La prise de conscience de l’importance de l’ignorance en sciences a mené à la prolifération d’études dans les années 1990 et au cours de la dernière décennie. De nombreuses approches, de l’ignorance scientifique, ont été développées en sciences humaines et sociales, et ont toutes pour point commun la concentration sur ses sources et ses implications, qu’elles soient scientifiques, sociales ou politiques.
Si nous voulons comprendre ce qu’est l’ignorance ainsi que l’influence qu’elle peut avoir — notamment dans la recherche scientifique — il est nécessaire, dans un premier temps, de définir le concept même d’ignorance. Depuis les années 2010, certains chercheurs en épistémologie œuvrent à pallier cette limite en étudiant les conditions nécessaires et suffisantes de l’ignorance.
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Occupant une place éminente dans le panthéon contemporain des sciences sociales, Max Weber ne cesse de faire l’objet d’appropriations contradictoires qui tendent à
décontextualiser ses recherches. L'ouvrage intitulé Qu'est-ce que les sciences de la culture ? offre la traduction de son premier texte épistémologique, inédit en français, accompagnée de documents et de correspondances, et permet ainsi de replacer la réflexion de Weber dans les débats de son temps. Cet article publié en plusieurs parties entre 1903 et 1906, exactement contemporain de L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, montre comment un sujet qui pourrait sembler uniquement technique – la méthode spécifique des sciences de la culture – est indissociable d’enjeux académiques et politiques beaucoup plus larges.
Loin d’être simplement un partisan d’une sociologie « compréhensive » opposée à l’« explication », Weber fait de la compréhension des motivations des agents sociaux une modalité de l’explication causale. Surtout, à travers sa promotion de l’expression « sciences de la culture » (Kulturwissenschaften), il ne se contente pas de garantir une spécificité à ces sciences : il se saisit d’une question toujours très brûlante, celle de la « signification culturelle » du capitalisme, c’est-à-dire de la transformation de l’homme par le mode de fonctionnement de l’économie.
Conférence : Max Weber sur le champ de bataille des sciences de la culture par Wolf Feuerhahn
Le mardi 11 juin, 18h - 19h15
Le lien zoom sera communiqué ultérieurement.
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Une nouvelle approche en psychiatrie se développe, dénommée Research Domain Criteria. Elle repose sur le présupposé selon lequel les maladies mentales seraient des maladies du cerveau. Cette thèse réductionniste ramène la psychiatrie à une neuroscience. Les RDoC sont en principe compatibles avec le pluralisme explicatif. Cependant, le point de vue réductionniste domine et les recherches se cantonnent aux explications biologiques.
C'est ce que note Élodie Gratreau dans ses travaux sur les enjeux épistémologiques du projet des Research Domain Criteria (1)
Le présupposé réductionniste est double, d’une part ontologique, et d’autre part explicatif, le premier entraînant le second. Des auteurs ont critiqué comme une erreur logique le passage du réductionnisme ontologique réductionnisme explicatif. Il n'y a pas vraiment d'erreur de raisonnement, car le réductionnisme implique une clôture causale du domaine considéré. Il ne peut donc y avoir d'autres types de causes prises en compte par d'autres disciplines.
Le véritable problème vient du déni de l’existence d’un niveau psycho-cognitif chez Homme pouvant jouer un rôle dans les troubles mentaux. Si le support neurobiologique est d’évidence nécessaire, il n'est pas démontré à ce jour qu'il soit suffisant pour expliquer les conduites humaines. L'existence d'un niveau psycho-cognitif et représentationnel est plus probable que l'hypothèse inverse (2).
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- Écrit par : Patrick Juignet
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Eugenio Coseriu (1921-2002) est considéré comme l’un des plus importants linguistes de la seconde moitié du XXe siècle. Il est principalement connu en tant que structuraliste et linguiste roman, mais son œuvre est beaucoup plus vaste, comprenant une théorie linguistique complète ainsi que des écrits sur un large éventail de questions, allant de la sémantique, de la syntaxe, de la typologie, de la linguistique variationnelle, du changement de langue, de la pragmatique et de la linguistique textuelle au latin vulgaire, à l’histoire de la philosophie du langage et à l’histoire de la linguistique romane.
Cet auteur donne une priorité absolue du langage. Le langage ne doit être rapporté à une autre faculté (entendement, pratique ou artistique). Par le langage l’homme se construit un monde approprié. La logique est postérieure au langage, et donc on ne peut pas construire de sémantique formelle, fondée sur la logique à partir de laquelle on pourrait déduire le langage. Coserius (influencé en cela par Hegel et l'idéalisme Allemand) insiste sur le fait que l’on parle toujours une langue particulière, ce qui s’oppose à l’universalisme linguistique.
La pensée de Coserius est fondée sur des principes philosophiques solides. Il a aussi bénéficié de cultures académiques diversifiées. Son œuvre nous est présentée par Johannes Kabatek dans un livre rédigé en anglais et intitulé : Eugenio Coseriu. Beyond Structuralism. C'est la première monographie complète sur Eugenio Coseriu. Son objectif est de servir d'introduction à l'ensemble de son œuvre et de sa pensée.
Kabatek J., Eugenio Coseriu. Beyond Structuralism. Berlin, De Gruyter, 2023.