Philosophie et actualité
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- Écrit par : Patrick Juignet
Attente pour les patients, soins reportés, suivi et dépistage insuffisants, épuisement du personnel, conditions de travail difficiles, rémunérations bloquées… La médecine en France va mal ! L’origine du mal est connue, le remède difficile à trouver.
Pour faire face à l’augmentation de l’activité avec son corollaire d’augmentation des dépenses, divers procédés ont été utilisés. Dans les établissements de santé (hôpitaux et cliniques), les tarifs des séjours ont régulièrement baissé depuis l’instauration de la Tarification à l’Activité dite T2A. Pour pouvoir maintenir leurs ressources, ces établissements sont contraints d’augmenter la productivité (faire plus avec moins ou autant). Les honoraires des libéraux ont été bloqués et le nombre de médecins limité à l'excès (numerus clausus pour les étudiants). Cela ne va pas sans conséquences fâcheuses et même inadmissibles.
Les remèdes possibles sont doubles : avoir une meilleure organisation, mais qui ne soit pas bureaucratique-managériale, fondée uniquement sur la productivité, et trouver plus d’argent sans mettre l’État et l’Assurance Maladie en déficit. Un début de solution a été trouvé en Juillet 2020, puisque 7,5 milliards d’euros supplémentaires seront prévus au budget annuel de l’hôpital à partir de 2022. Beaucoup reste à faire. C'est un état d'esprit à changer : l'hôpital est fait pour soigner pas pour être rentable.
Depuis 30 ans, pour réduire les dépenses, les gouvernements successifs ont lancé des dispositifs toujours plus contraignants comme le programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI), l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM) ou la tarification à l’activité (T2A). Depuis une vingtaine d’années, l’ONDAM alloue aux hôpitaux publics des budgets systématiquement inférieurs aux besoins réels, afin « d’optimiser les dépenses ».
Les conséquences sont néfastes. Entre 2002 et 2018, 69000 lits d’hôpitaux ont été supprimés, le manque de liquidités a poussé les hôpitaux à se financer auprès des banques, faisant passer leur endettement de 9 à 30 milliards d’euros entre 2002 et 2013. Le salaire des personnels soignants sont parmi les plus bas de l’OCDE. Et bien que la durée maximale de travail soit fixée à 48 heures par semaine par l’Union européenne, souvent les soignants sont dans l’incapacité de respecter cette limite, faute de personnel. L’AP-HP doit par exemple 1,3 million de RTT à ses 72000 agents. Ce surmenage affecte à la fois la santé physique et la santé mentale des soignants.
La médecine, faite pour préserver les biens les plus précieux qui soient - la vie et la santé -, demanderait - d'évidence - à être financée correctement dans une société avancée qui en a les moyens.
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- Écrit par : Patrick Juignet
Rachel Carson est une biologiste marine reconnue et elle a utilisé cette notoriété pour populariser auprès du grand public les questions environnementales liées aux mers et aux océans du globe. Elle s’inscrit dans la tradition des naturalistes tels que John James Audubon (ornithologue et peintre américain d'origine française) et Henry David Thoreau (philosophe et poète américain).
Rachel Carson est devenue célèbre par son livre La mer autour de nous, vendu à plus d’un million d’exemplaires aux États-Unis, dans lequel elle raconte l’état des océans et s'inquiète de la préservation des espèces qui y vivent.
Par la suite, le succès, aux USA, en 1962, du livre le Printemps silencieux a contribué à faire de Rachel Carson une figure de l’écologie et l'ennemie des firmes chimiques (dont Monsanto) qui n'ont pas ménagé leurs efforts pour la discréditer.
Il aura fallu 60 ans pour que Rachel Carson soit connue en France. Le temps est peut-être venu pour que l'écologie intéresse largement les citoyens.
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- Écrit par : Patrick Juignet
L'indice bibliométrique « h-index », inventé en 2005 par le physicien américain John Hirsch (d’où le choix de la lettre « h » pour désigner cet indice) est devenu une référence chez les gestionnaires académiques et pour les chercheurs eux-mêmes. En effet, l'augmentation considérable des publications rend difficile l'évaluation qualitative et progressive au fil du temps des travaux. On en est dont réduit à une évaluation rapide et quantitative qui utilise ce genre d'index. La devise qui guide la recherche est devenue " publish or perish " ce qui impose d'avoir un score h maximum pour espérer une carrière intéressante.
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- Écrit par : Patrick Juignet
Contrairement à ce qui était attendu, la politique d'autobus thermiques totalement gratuits a un bilan environnemental peu satisfaisant. Il ne produit pas la baisse de la pollution escomptée.
En effet, on constate que la part des déplacements en voiture diminue, mais que les déplacements en bus progressent proportionnellement plus, pour diverses raisons : - il n'y pas un simple report de la voiture vers le bus - les déplacements à pied et à vélo diminuent au profit du bus - le bus sert d'abri en cas d'intempérie, etc.
Résultat, selon l’Ademe, les émissions de CO2 d’un bus en province sont inférieures de 36 % par personne transportée par rapport à celles des voitures particulières en milieu urbain. Mais comme la part des déplacements en bus augmente sans diminuer d'autant celle des voitures, le bilan en émission de C02 est quasiment nul.
La leçon de cette affaire de bus, c'est que dans tout milieu, y compris un milieu humain et urbain, il se produit des interactions complexes non évidentes. Il faut donc penser ce qui se passe en terme de système, afin de prendre en compte ces interactions multiples. Une action ponctuelle et ciblée produit rarement l'effet attendu, car elle provoque des effets collatéraux imprévus et parfois contraires à l'effet escompté. Il faut aussi expérimenter, car, au départ, il est difficile d'imaginer les effets collatéraux indésirables. Expérimenter et penser en termes d'interactions imprévues sont indispensables pour atteindre un résultat - inversement une pensée simpliste échouera -.
Quels remèdes proposer dans ce cas précis?
L'expérience montre que les tramways ou métros font mieux et seraient à privilégier. Du côté innovation, des navettes électriques de taille réduite dont le débit s'adapte à la fréquentation seraient préférables. Pour éviter l'usage détourné des bus, il faudrait des espaces publics de qualité (bancs, abris, plantations, parcours couverts) afin que les bus ne servent pas de refuge. Enfin, il faudrait des aménagements qui favorisent nettement la marche et le vélo pour empêcher qu'ils soient abandonnés au profit du bus gratuit. C'est un ensemble de mesures complémentaires qui, dans ce cas, pourrait être efficace pour réduire la pollution. Ce que l'on nomme une "politique d'ensemble", par opposition à une "politique au coup-par-coup".
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- Écrit par : Patrick Juignet
Les éditeurs du magazine La Recherche – le groupe de presse de Claude Perdriel – ont décidé de fusionner le mensuel La Recherche avec le mensuel Sciences et Avenir.
Présenté en Comité social et économique (CSE) le 30 avril 2020, le projet prévoit la création d’un mensuel scientifique unique, baptisé Sciences et Avenir - La Recherche, la fusion des deux sites web, ainsi que la publication d’un trimestriel La Recherche - Les Essentiels du XXIe siècle. Ce qui impliquerait la fusion des deux rédactions au sein d’un « pôle sciences ».
Selon la direction de la publication, ce projet répond à une nécessité économique, car le groupe Perdriel dans son ensemble connaît actuellement des difficultés financières.
Il est assez malheureux, à un moment où la science est mal comprise et mal perçue, que les publications qui la font connaître diminuent leur périmètre ; mais on peut penser, réciproquement, que c'est le discrédit sur la science qui rend les publications moins populaires, ce qui diminue les abonnements et fragilise leur base économique.