Philosophie et actualité
La revue Philosophie, Science et Société propose une réflexion philosophique dans un langage clair et accessible. Elle publie des articles conformes aux standards de la recherche universitaire, des articles didactiques et de courtes notes d'actualité. L'audience est internationale. La consultation du site a été en moyenne de 1 500 000 pages par mois en 2023. La philosophie proposée ici est rationnelle et réaliste. Elle concerne le Monde, l'Homme, la Société, les Sciences et l'Histoire des idées. En matière humaine, sociale et politique, elle reste neutre et distanciée, espérant ainsi gagner en crédibilité. Voir les mentions légales
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- Écrit par : Patrick Juignet
Même s'il existe des arguments scientifiques sérieux pour réfuter l'efficacité de l'hydroxychloroquine comme traitement de la COVID-19 (Fiolet et al. 2020), la polémique est toujours vivante. Le problème dépasse ce cas particulier ! Cette affaire de croyance nous ramène au problème de règne culturel de la post-vérité avec cette forme particulière et pernicieuse de relativisme pour laquelle toutes les opinions se vaudraient.
Le cas Raoult a transformé un débat scientifique banal en une controverse publique où les médias, les commentateurs publics et même les supporters de club de football (l'Olympic de Marseille) sont intervenus, comme s'ils avaient des compétences égales à celles des scientifiques spécialisés. Tout un chacun s'est considéré légitime à prendre des positions dans un débat scientifique difficile, sans argument scientifique.
Ils y ont été encouragés par Raoult lui-même qui s'est autorisé à faire des déclarations péremptoires fondées sur des études très insuffisantes (petit test de laboratoire in vitro et aucune étude clinique). C'est un procédé typiquement charlatanesque (vanter une potion magique dont on est l'inventeur) qui décrédibilise l'autorité de la science déjà bien mal en point. Par chance, la communauté scientifique a résisté et des études sérieuses ou pu être menées.
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- Écrit par : Patrick Juignet
Le prix Nobel de chimie a été décerné en 2020 à Emmanuelle Charpentier et Jennifer A. Doudnaa « pour le développement d’une méthode d’édition du génome ».
Le procédé nommé CRISPR-Cas endommage un chromosome à un endroit précis. Pour ce faire, on utilise des enzymes, des nucléases, capables de cibler et de couper des sites précis dans le génome. En coupant à un endroit précis, la réparation de la cassure se fera en modifiant l’information contenue par le gène qui se situe à cet endroit. Cela pourra aboutir à ce que le caractère qu’il encode s’exprime de façon différente.
Dans le cadre de thérapies géniques ou d’applications en génie génétique, on espère que la réparation soit favorable. On mise sur les mécanismes de reconstruction de la cellule pour le réparer de façon identique au gène normal.
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- Écrit par : Patrick Juignet
Philippe Crignon, dans un numéro de la revue Noesis, fait une intéressante analyse :
« L’absence de téléologie de l’Union européenne rend difficile la conceptualisation de sa nature politique et institutionnelle. À défaut d’avoir reçu son moment fondateur dans les traités passés, on se prend parfois à espérer un moment refondateur avec une Constitution qui viendrait clore une période de maturation et d’incertitude tant politique qu’intellectuelle. L’idée de Constitution européenne est le graal des philosophes, mais il n’est pas sûr qu’elle convienne authentiquement à la nature processuelle, dynamique et, au sens littéral, an-archique de l’Union. À notre sens, Jean-Marc Ferry cède à cette tentation lorsqu’il attend d’une telle Constitution qu’elle puisse « représenter l’élément normatif d’un véritable Contrat social européen ».
« Refonder l’Europe sur la base d’un contrat permettrait de la reconduire à un régime d’intelligibilité bien connu. Or, une telle reconduction est justement ce à quoi résiste en son cœur la construction européenne, car ce processus n’est pas une simple transition entre un acte inaugural et un aboutissement à venir, ni l’échafaudage d’un édifice que l’on pourrait enlever une fois celui-ci achevé, mais le mode essentiel par lequel l’Union s’élabore et duquel on ne saurait l’abstraire. Elle a pour nature d’être à la fois un projet et une mémoire, comme l’atteste le rôle juridique de l’acquis communautaire. Quand bien même l’UE atteindrait un jour son moment de stabilisation, sa forme politique resterait définie par sa genèse historique » (Crignon Ph. « Penser philosophiquement l’Europe à partir d’elle-même », Noesis. 2018. http://journals.openedition.org/noesis/4707).
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- Écrit par : Patrick Juignet
Céline Jouin écrit :
« Lorsque l’on critique l’Union européenne, on relève habituellement tout ce qui manque à ses institutions pour répondre aux critères du constitutionnalisme démocratique (souvent idéalisé) : un peuple européen, une identité collective « épaisse », un espace politique commun, une langue commune, des médias et des partis européens. On souligne le peu d’intérêt que suscitent les élections des députés européens ainsi que leurs compétences limitées. On critique l’opacité des décisions et le manque d’occasion de participer à celles-ci, mais aussi l’émergence d’autorités non représentatives hors de portée de tout contrôle des citoyens et indifférentes à la diversité historique des populations qui a résulté des stratégies de régulation. Quand on fait l’éloge du complexe européen au contraire, on met en avant la protection des droits individuels, les checks and balances plus élaborés au niveau européen qu’au niveau national, leur protection plus efficace contre les abus de pouvoir.» (Jouin Céline. « La constitution matérielle de l’Europe. Par-delà le pouvoir constituant » (Noesis. 2018. http://journals.openedition.org/noesis/4875).