Actualités philosophiques, scientifiques et sociétales
Le retour du mal en Europe
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- Écrit par : Patrick Juignet
Le mal correspond aux conduites intentionnelles qui causent la mort, la souffrance, la misère, l’indignité. Sont qualifiables de mal le meurtre, la torture, les agressions, les destructions, l’exploitation, l’asservissement, le vol, le viol, l’humiliation, etc. Faire le mal, c’est se conduire d’une façon qui dégrade la vie humaine. Le mal est intentionnel et imputable à une personne, à un groupe ou à un État, qui n’ignorent pas les conséquences de leurs actes.
La guerre fait le mal à grande échelle. Elle s'accompagne toujours de justifications idéologiques. Pour ce qui est de l'actualité, l'horreur infligée à l'Ukraine l'est au nom de la mission du peuple Slave, de la restauration de l'empire russe, de la morale religieuse orthodoxe, de la décadence de l'Occident, etc. L'impérialisme de l'État russe vis-à-vis de l'Ukraine se pare d'un nationalisme érigé en vertu. L'idéologie est constamment au premier plan dans la justification de la guerre et l'instrumentalisation des populations.
La manipulation idéologique des États autoritaires est toujours du même type. Ils vendent à leurs citoyens grandeur, puissance et prestige. Ils développent un sentiment de persécution vis-à-vis de « l'ennemi » pour justifier la guerre. Sans oublier la répression et la terreur contre les incrédules. Les populations le payent de sang et de souffrances. Derrière, il y a bien sûr des enjeux économiques et stratégiques, mais qui se ramènent tous à la puissance étatique recyclée en prestige, négligeant la mort et les malheurs provoqués.
Anna Arendt notait au sujet du nazi Eichmann un manque de pensée (Eichmann à Jérusalem, Paris, Galimard, 1991, p. 460). On pourrait préciser un manque de pensée autonome, critique, informée et distanciée, par rapport à la norme et au discours idéologique. L'idéologie produit une pensée toute faite, un prêt à penser distribué à grande échelle. Le philosophe peut désigner les idéologies pour ce qu'elles sont. Ses moyens sont modestes, dérisoires même, par rapport aux propagandes étatiques.
Maelström idéologique
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- Écrit par : Patrick Juignet
L'Homme ne vit pas dans le concret, mais dans une vaste rumeur discursive qu’il fabrique individuellement et collectivement. Il produit et se nourrit intensément de récits de toutes sortes : mythes, légendes, religions, idéologies, propagandes, fictions, récits, faits-divers, etc. L’Homme vit avec, dans et au travers, cet univers fictionnel à partir duquel il bâtit une vie sociale qui elle-même s’en nourrit. Cet univers culturel forme et transforme la société. Il constitue la culture au sens large civilisationnel (normes, règles, lois) et les cultures particulières avec leurs imaginaires, leurs arts, sciences et techniques. L'ensemble l’interaction collective et, par voie de conséquence, la socialisation. Se constitue ainsi un environnement propre à l'humain.
Dans cette vaste rumeur, l'idéologie n’est pas un brouillard qui ne demanderait qu’à se dissoudre devant la vraie réalité. Elle existe par elle-même avec une grande force. L'idéologie s’intègre à la culture et façonne les sociétés. La propagande alimente ce tourbillon idéologique géant.
Aldous Huxley et surtout George Orwell en ont dénoncé les formes perverses. Ce dernier, dans ses livres La Ferme des animaux et 1984, a dénoncé l’utilisation du mensonge, des fausses nouvelles, de la falsification de l’histoire et des slogans contradictoires pour inhiber la pensée. Les propagandes totalitaires utilisent ces procédés pour manipuler efficacement les populations. Concernant les modes intellectuelles dans les pays démocratiques, c'est plus mystérieux. Il n’y a pas manipulation concertée, mais plutôt une tendance qui se répand à un moment historique donné, grâce à un fond culturel favorable, et sur laquelle certains surfent. De nos jours, les manipulations idéologiques s'accentuent considérablement via les réseaux sociaux.
Voir : De la postmodernité à la post-vérité
Santé mentale de l'enfant
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- Écrit par : Patrick Juignet
Le Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) a publié un rapport sur la souffrance psychique des enfants. On observe une aggravation des problèmes de santé mentale des jeunes, qui entraîne une augmentation des suicides. Le rapport du HCFEA met en évidence la mauvaise prise en charge. Faute de soins adaptés, la consommation de médicaments psychotropes augmente au-delà des consensus scientifiques internationaux.
En France comme dans la plupart des pays européens, les soins de première intention recommandés par les autorités de santé (Haute Autorité de Santé (HAS), Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) pour les troubles mentaux chez l’enfant ne sont pas pharmacologiques. Sont, en effet, prioritairement recommandées :
- Les pratiques psychothérapeutiques : psychanalyse, pratiques psychodynamiques et cliniques, thérapies cognitives et comportementales, thérapies familiales et groupales…
- Les pratiques éducatives,
- Les pratiques de prévention et d’intervention sociale.
Ces recommandations sont insuffisamment appliquées, remplacées par des prescriptions de médicaments. Cette attitude est probablement influencée par l'idéologie biologisante qui dénie le psychisme et la relation humaine au profit du neurobiologique. Elle vient aussi, tout simplement, de l'insuffisance de l’offre de soin psychiatrique. Associer les pratiques psychothérapeutiques, éducatives et sociales demande du temps et du personnel qualifié en nombre.
Télécharger le Rapport du HCFEA sur la souffrance psychique des enfants.
L'organisation considérée comme concept ontologique
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- Écrit par : Patrick Juignet
Pourrait-on avoir un mode de pensée relationnel qui rompe avec le substantialisme ? L’idée d’organisation-structuration est un concept suffisamment large et abstrait pour remplacer celui de substance. Les sciences contemporaines montrent que cette idée est applicable universellement. Si on admet que le réel n’est pas isotrope et homogène (ce qui semble évident et assuré), on peut expliquer les différenciations qui l’affectent par des niveaux/formes d’existence qui se distinguent les uns des autres par leur degré d’organisation ou de structuration. Du plus basique comme les quarks, les particules élémentaires, au plus complexe comme les organismes vivants et jusqu’aux sociétés humaines, partout et toujours, on trouve de l’organisation, de la structure, du système.
Voir l'article : Organisation, structure, système