Le plus simple des vocabulaires engage toujours des présupposés philosophiques. Le vocabulaire de Philosophie, Science et Société présente des explications sur l'évolution de la signification des termes. Il propose des choix argumentés, de telle sorte que les définitions s'accordent entre elles et afin d'éviter les chevauchements et les contradictions. Ce qui en résulte n'est pas un dictionnaire répertoriant toutes les acceptions existantes, mais un choix orienté dans un cadre rationnel et réaliste.

Dans les remous de la pensée collective, il n’est souhaitable ni de se laisser porter par le courant dominant, ni d'accepter les incohérences et contradictions ; mais il n’est pas non plus possible de ramer à contre-courant et de créer un idiolecte privé, un néolangage ésotérique. Il reste comme solution de reprendre les termes existants et de spécifier, parmi les significations variées dont ils sont porteurs, celle qui sera utilisée à l’exclusion de certaines autres. Dans « la grande loterie de la génétique conceptuelle » (Alain De Libera), des choix s'imposent.

L’intelligence et le langage s’entremêlent dans la pensée, mais ne jouent pas le même jeu. La formulation de la première ne pouvant aller sans le second, leurs interactions produisent des bizarreries. Mais surtout, la pensée est appuyée sur une sourde histoire qui amène à l'étiage de notre actualité des concepts embrouillés, surchargés de sens variés et contradictoires. Les notions philosophiques sont lourdes de « raisons irraisonnées » (Gaston Bachelard). À l'insu des locuteurs, les mots cumulent de multiples significations, héritage de l’histoire des idées. En les utilisant sans précaution, nous pensons de manière confuse et rendons nos propos susceptibles d'interprétations inadéquates.

Certains mots sont lourdement connotés et ont des sens qui ont varié au fil du temps, selon les arrière-plans conceptuels et continuent de changer. Le Vocabulaire énumère généralement plusieurs significations et propose un choix. L'argumentation aboutit parfois à suggérer d'éviter une notion sujette à une polysémie inextricable, ou bien conseille de la référencer à un auteur ou à un cadre précis. Des choix relativement arbitraires ont dû être effectués. Par exemple, la différenciation entre Ontologie et Métaphysique, entre Nature et Univers, ne vient pas de leurs objets propres, mais de l’évolution des idées qui a rendu les termes ambigus.

L'emploi des majuscules pour certains noms communs permet de les distinguer de leur usage particulier. Entre autres, le terme Homme sera utilisé comme catégorie à distinguer d'un homme : personne particulière du genre masculin. Le nom Société invite à considérer l'organisation sociale comme telle, par opposition à telle société particulière. La majuscule signale un idéal-type, une catégorie générale. Ce précédé méthodologique évite que quelques exceptions viennent ruiner la définition.

Le but du vocabulaire de Philosophie, Science et Société est d'apporter une base lexicale suffisamment explicite pour un échange sans trop de malentendus. Ce n'est pas un vocabulaire de la langue philosophique, mais un vocabulaire permettant de penser philosophiquement, c'est-à-dire de manière rationnelle, explicite et argumentée, pensée partageable grâce à un lexique commun.

Pour la liste complète des concepts définis, voir la page d'accueil du Vocabulaire philosophique.