Les revues - il vaudrait mieux dire la politique commerciale de leurs éditeurs - jouent un rôle ambigu eu égard à la diffusion scientifique. Là où il suffirait de mettre un contenu sur un site ou un blog pour qu’il soit accessible à tous gratuitement, les revues impriment les textes et les vendent tout en restreignant leur diffusion. Si l’impression classique sur des "revues papier" a pu être dans le siècle passé un excellent moyen de diffusion, ce n’est plus le cas aujourd'hui. Accéder à un texte imprimé est beaucoup plus compliqué et coûteux qu’accéder à un texte numérique.
Même quand ils sont obligés de mettre leurs contenus en version numérique, les éditeurs de revues essayent d’en limiter l’accessibilité avec toutes sortes de barrières – version payante, embargo, barrières mobiles ou fixes, etc. Le problème étant qu'il s'agit d'entreprises commerciales dont le but n'est pas la diffusion du savoir et la stimulation de la recherche, mais la rentabilité.
Bien sûr, il y a des exceptions, certaines revues permettent un libre accès à leurs contenus, mais l'édition scientifique est généralement une manière de faire des profits financiers.
La politique tarifaire des grands éditeurs scientifiques commerciaux est devenue une source de préoccupation majeure pour la communauté scientifique mondiale. Outre le problème éthique de profits faits sur des travaux financés par les Universités et donc par les citoyens, se pose le problème de coût prohibitif, dans une période de restriction budgétaire. Il y a un contexte de tensions croissantes au niveau international avec, notamment, les positions de fermeté prises par la Denmarks Electronic Research Library en 2017, le projet DEAL en Allemagne depuis 2017, ou encore l'université de Montréal depuis 2016.
Citons le propos accompagnant une pétition en cours :
« Alors que les auteurs des publications scientifiques et les membres des comités de lecture travaillent pour la plupart dans des institutions de recherche publiques, le prélèvement opéré par les grands éditeurs scientifiques commerciaux sur le budget de ces mêmes institutions est devenu tout simplement insupportable. »
En Allemagne, lors de la rupture des négociations avec Elsevier, une quarantaine de scientifiques sont allés plus loin en démissionnant de leurs responsabilités éditoriales dans des revues d'Elsevier pour exprimer leur soutien avec le consortium (https://www.projekt-deal.de/about-deal/).
Quelques liens intéressants ci-dessous :
La pétition : Springer, nous pouvons nous en passer
The obscene profits of commercial scholarly publishers
Qu’est-ce qu’une revue scientifique ?
Libre accès, open access,science ouverte