Pourtant, nous sentons l’odeur des roses et la chaleur du soleil, nous entendons le chant des rossignols. Pour en rendre compte, il faut introduire ce que Whitehead appelle la « bifurcation de la nature », à laquelle il ne cesse de répéter son opposition (au point qu'Isabelle Stengers peut écrire que « le problème de Whitehead » est d’« éviter la bifurcation de la nature »[xliii]) : « Ce contre quoi je m’élève essentiellement est la bifurcation de la nature en deux systèmes de réalité, qui, pour autant qu’ils sont réels, sont réels en des sens différents. Une de ces réalités serait les entités telles que les électrons, étudiées par la physique spéculative. Ce serait la réalité qui s’offre à la connaissance ; bien que selon cette théorie ce ne soit jamais connu. Car ce qui est connu, c’est l’autre espèce de réalité qui résulte du concours de l’esprit. Ainsi, il y aurait deux natures, dont l’une serait conjecture et l’autre rêve. »[xliv].

Comme on l’a indiqué, en s’opposant à cette bifurcation de la nature, Whitehead s’oppose aussi à Russell, car les théories de ce dernier en font un chaud partisan de cette conception. Ainsi, dans La méthode scientifique en philosophie, Russell consacre-t-il toute une conférence, la quatrième, à ces « deux mondes opposés »[xlv] que sont « Monde physique et monde sensible » (c’est le titre de la conférence). Sans doute s’y efforce-t-il de « jeter un pont »[xlvi] entre eux, mais jeter un pont entre les deux rives d’un fleuve ne fait pas disparaître le fleuve qui les sépare, tout au plus cela permet-il de le franchir plus simplement, de passer plus aisément de l’une des rives à l’autre. Aussi, dans Human Knowledge (1948) s’efforce-t-il encore de rapprocher « mental » et « physique » en faisant la distinction entre espace perceptuel et espace physique. « L’espace perceptuel consiste en relations perceptibles entre des parties de percepts, tandis que l’espace physique consiste en relations inférées entre choses physiques inférées »[xlvii]. Sur ce point, il ne peut y avoir de réconciliation entre les deux auteurs : ce à quoi tient Whitehead, c’est que « ce qui est donné dans la perception est l’herbe verte ; c’est là un objet que nous connaissons comme un élément de la nature »[xlviii]. 

Bel exemple de ce réalisme naïf que Russell a épousé un moment en rompant à la trentaine avec ses erreurs idéalistes de jeunesse, mais dont il est revenu ensuite, même s’il le juge préférable à un enfermement dans la subjectivité, et qu’il regarde donc dans sa maturité avec amusement, quoique non sans sympathie : « Dans l’exubérance de ma libération, je devins d’abord un réaliste naïf et me réjouis à la pensée que l’herbe est réellement verte, en dépit de l’opinion contraire des philosophes depuis Locke. Je n’ai pas été capable de garder cette foi agréable dans toute sa vigueur d’antan »[xlix]. À ce réalisme naïf, Russell préfère (et oppose) le réalisme scientifique : les objets extérieurs ne sont pas ce qu’ils nous semblent, ils sont ce que la physique nous dit qu’ils sont (quand du moins on s’appuie sur une théorie physique qui a atteint sa troisième étape, celle à laquelle « on pense qu’il est très invraisemblable que tout nouvel élément de preuve fera plus que la modifier légèrement »[l]). L’herbe n’est pas verte, elle est le rassemblement d’une multitude d’atomes incolores. Whitehead refuse cette opposition : l’herbe est verte, et elle est une société d’atomes incolores (et sans doute est-elle bien d’autres choses encore : ce qu’elle est pour un moucheron qui s’y pose, ce qu’elle est pour la terre dans laquelle elle s’enracine, etc.). On a pu définir assez justement la philosophie de Whitehead comme un empirisme spéculatif [li]. On pourrait tout aussi bien la définir comme un réalisme pluraliste.

La richesse du cosmos sans substance de Whitehead

Dans cette philosophie, « les “entités actuelles” — aussi appelées “occasions actuelles” — sont les choses réelles dernières dont le monde est constitué »[lii]. Elles se substituent aux objets persistants que l’on a cru observer et dont on a tiré l’idée de substance : le rocher, qui dure très longtemps, le brin d’herbe, qui dure moins longtemps. Mais nul n’a la patience (ni la possibilité matérielle) de connaître ces objets persistants en tant que persistants : il nous faut nous détourner du rocher, du brin d’herbe, et tout ce que nous connaissons, ce sont des occurrences spatio-temporelles du rocher, du brin d’herbe. C’est ce que sont les entités actuelles : non pas le rocher, le brin d’herbe, mais le rocher ou le brin d’herbe dans tel ou tel contexte spatio-temporel. Ce que nous appelons « rocher » ou « brin d’herbe » n’est rien d’autre qu’une succession de telles occasions actuelles, un « trajet historique d’occasions actuelles qui […] s’entre-héritent »[liii], une société d’occasions actuelles dotée d’un « ordre personnel »[liv]. La vie d’un être humain n’est elle-même qu’un de ces trajets historiques ; le pur sujet s’évanouit donc, ce qui est assez satisfaisant, car il est clair qu’il découle de la même illusion logico-grammaticale que la substance : dans un tel trajet historique, une occasion actuelle est certes sujet (du latin subjectum, jeté dessous, participe passé de subjicio) par rapport à celles qui en héritent mais, elle est aussi superject (néologisme que crée Whitehead à partir du latin superjectum, placé dessus, participe passé de superjacio) de celles dont elle hérite.

La philosophie de Whitehead estompe donc les oppositions tranchées, comme celle entre le sujet et l’objet, qui règnent dans les philosophies de la substance : « Les philosophies de la substance présupposent un sujet qui, dans un deuxième temps, rencontre un donné puis réagit à ce donné. La philosophie de l’organisme présuppose un donné que rencontrent des sentirs, et qui atteint progressivement l’unité d’un sujet »[lv]. Elle peut donc être vue, écrit-il, comme un exemple de la révolte contre le dualisme, même si elle défend une autre interprétation du dualisme[lvi]. Aux dualités non vicieuses qu’il présente alors, il convient d’en ajouter une autre. Car, les entités actuelles ont beau être « les choses réelles dernières dont le monde est composé », elles ne suffisent pas à en rendre compte : « Les types fondamentaux d’entités sont les entités actuelles et les objets éternels »[lvii]. On a donc besoin aussi des objets éternels. Ils correspondent à peu près à ce que l’on appelle d’habitude les « universaux »[lviii] (de même que les « entités actuelles » correspondent à peu près aux « particuliers »). Pourquoi alors employer des noms nouveaux, ou inhabituels ? 

Pour insister justement sur cet à-peu-près, sur ce qui sépare les objets éternels des universaux, les entités actuelles des particuliers. Les universaux ont pu être conçus de deux façons opposées, soit comme premiers (c’est la position « réaliste » dans la querelle médiévale des universaux, qui fait d’eux des substances), soit comme dérivés (c’est la position nominaliste, pour laquelle les substances sont les particuliers). Les objets éternels ne sont ni premiers ni dérivés, ce sont de purs potentiels, « les purs potentiels de l’univers »[lix], écrit Whitehead. Mais, la différence majeure entre objets éternels et entités actuelles d’une part, universaux et particuliers d’autre part, liée à l’abandon du concept de substance, c’est le caractère fondamentalement relationnel des premiers. Les entités qui composent le cosmos pour Whitehead ont beau être des « individus réels », fondamentalement atomiques et multiples, elles n’en sont pas moins, tout aussi fondamentalement, en relation les unes avec les autres (le monde est « interconnecté »). Certaines de ces relations sont sans doute plus importantes que les autres : ce sont les préhensions, « Faits Concrets de Relation »[lx], une préhension pouvant être définie comme une « appréhension non cognitive, c’est-à-dire une appréhension qui peut être ou non de type cognitif »[lxi] (« appréhension » pourrait être remplacé par « perception », s’il n’y avait dans ce second terme un contenu cognitif). Elles sont plus importantes, car on pourrait dire que pour Whitehead, la proximité dans La Science et le monde moderne de l’introduction du concept de préhension avec une discussion de Berkeley nous y invitant, « être, c’est préhender ou être préhendé ». La formulation n’a rien d’idéaliste, d’une part, car l’idéalisme Berkeleyen est une forme de substantialisme, d’autre part parce que la préhension n’est pas, loin de là, une spécificité humaine : le brin d’herbe préhende le rayon de soleil qui le frappe et la chaleur de ce rayon de soleil, la terre dans laquelle il s’enracine et l’humidité de cette terre, la planète préhende le soleil qui exerce sur elle une force d’attraction, ou courbe l’espace dans lequel elle se meut (suivant que l’on préfère adopter une description classique ou relativiste)…

Mais, même si les relations de préhension sont plus importantes que les autres, toutes les relations sont importantes, en ce que toutes servent à définir les entités individuelles qu’elles mettent en relation. Pour Whitehead, les relations dans lesquelles entre avec d’autres entités une entité quelle qu’elle soit sont des « relations internes » : elles sont constitutives de cette entité, alors même que cette entité est différente des autres, voire parce que cette entité est différente des autres. Cela est vrai des entités actuelles — et c’est ainsi que « tout élément de l’univers, y compris toutes les autres entités actuelles, est un élément constituant dans la constitution de n’importe quelle entité actuelle »[lxii] — comme des objets éternels : « Un objet éternel, considéré comme une entité abstraite, ne peut être séparé de sa référence à d’autres objets éternels, et de sa référence à la réalité en général, quoiqu’il soit déconnecté de ses modes réels d’ingression dans des occasions réelles définies. Ce principe s’exprime en affirmant que chaque objet éternel a une “essence relationnelle” »[lxiii].

L’opposition avec la position de Russell est telle qu’il est permis de se demander si, lorsque Whitehead mentionne, on l’a vu plus haut, ces philosophes « qui dans leurs énoncés explicites critiquent la notion aristotélicienne de substance, [et] présupposent cependant implicitement à travers leurs discussions que la forme propositionnelle sujet-prédicat présente enfin un mode d’énoncé sur le monde actuel qui se révèle adéquat », il ne compte pas à leur nombre Russell lui-même. Whitehead n’écrit-il pas : « La thèse de l’indépendance individuelle des faits réels a son origine dans l’idée que la forme sujet-prédicat des énoncés exprime une vérité métaphysique ultime »[lxiv] ? Certes, Russell développe ses analyses en termes d’« événements », et non de faits[lxv]. Mais, ce n’est pas la référence aux faits qui est déterminante ici pour Whitehead. La conséquence importante et erronée de la trop grande valeur accordée à la forme sujet-prédicat des énoncés, c’est la thèse de l’indépendance individuelle des composantes élémentaires de la réalité, quel que soit le nom qu’on leur donne. Or, s’il y a, pendant tout le vingtième siècle, une constante dans la pensée de Russell, toujours prompt pourtant à se corriger, c’est bien cette idée, constitutive de son atomisme logique, du caractère externe des relations entre les atomes que nous distinguons dans notre analyse de la réalité : chacun d’entre eux existe et est parfaitement défini indépendamment des relations qu’il entretient avec tous les autres. Dans l’un de ses derniers ouvrages encore, il cite sans émettre la moindre réserve un de ses articles de 1907 où il énonce, appelant « axiome des relations internes » une affirmation qui peut se voir en la simplifiant à peine comme l’affirmation que toute relation est interne : « Ainsi l’axiome des relations internes équivaut à l’hypothèse du monisme ontologique et à la négation de toutes les relations. Partout où il semble que nous ayons une relation, il s’agit en réalité du tout composé des termes de la relation supposée. L’axiome des relations internes équivaut de la sorte à supposer que toute proposition a un sujet et un prédicat »[lxvi].

En somme, il semble bien que, de même que pour Whitehead, Russell reste prisonnier du mode de pensée sujet-prédicat dont découle le substantialisme ; pour Russell, c’est Whitehead qui en reste prisonnier. On serait assez tenté de donner raison à Whitehead : Russell arrive à cette conclusion parce qu’il voit les relations internes comme des propriétés internes, et les pense donc encore en termes de sujet et de prédicat. Mais, s’il s’agissait d’une erreur de logique, qu’elle soit à imputer à l’un ou à l’autre, comme aucun des deux ne peut être accusé de méconnaître grossièrement cette discipline, elle serait trop subtile pour être dissipée ici, et ne pourrait l’être en une seule phrase. Cependant, de même que l’on peut voir que le concept de substance est erroné en se penchant sur ses conséquences métaphysiques, on peut essayer de trancher entre Russell et Whitehead en se penchant sur les conséquences de leurs conceptions. Mais nous avons à faire à deux théories incommensurables, même si elles se rencontrent sur une même critique de la substance. La conséquence pour nous déterminante, Russell ne pourrait l’accepter comme telle, voyant dans le recours qui y est fait une confusion dangereuse entre fait et valeur (alors qu’il semblerait que pour Whitehead, la différence tranchée entre fait et valeur soit à mettre au nombre des dualismes vicieux, découle de la bifurcation de la nature, de la coupure entre matière et esprit) : Whitehead parvient à résoudre son problème, il décrit notre monde sans bifurcation, et c’est ainsi un monde riche, en acte comme en puissance, la science enrichissant de plus en plus le monde actuel en actualisant toujours plus de potentialités. Russell nous dépeint un « monde physique, en soi inintéressant », où « la physique s’approche ainsi du stade où elle sera achevée, et donc inintéressante »[lxvii] (et où, toute science se ramenant à la physique, toute science deviendra inintéressante). Entre ces deux mondes, s’il s’autorisait à choisir, Russell lui-même n’hésiterait pas : il préférerait le monde de Whitehead.

 

Remerciements : Je remercie Patrick Juignet, directeur de programme au Collège International de Philosophie. Sans les discussions que nous avons eues pendant qu’il mettait en place son Séminaire, je n’aurais jamais eu l’idée de cet article, par ailleurs rédigé à partir des notes prises pour une intervention dans ce Séminaire.

Ce texte est paru dans le numéro 19 de la revue "L'art du comprendre", numéro consacré à Whitehead. Je remercie le directeur de la revue, Philippe Forget, d'en autoriser la mise en ligne. http://www.artducomprendre.org/index1.html

 

Bibliographie :

[i] La Science et le monde moderne (par la suite notée SMM), tr. P. Couturiau (légèrement modifiée), Éditions du Rocher, 1994, p. 71-72 ; « Let us consider how the notions of substance and quality arise. We observe an object as an entity with certain characteristics. Furthermore, each individual entity is apprehended through its characteristics. For example, we observe a body ; there is something about it which we note. Perhaps, it is hard, and blue, and round, and noisy. We observe something which possesses these qualities : apart from these qualities we do not observe anything at all. Accordingly, the entity is the substratum, or substance, of which we predicate qualities. Some of the qualities are essential, so that apart from them the entity would not be itself ; while other qualities are accidental and changeable »: Science and the Modern World (SMW), Free Association Books, 1985, p. 66.

[ii] « This [the category of substance] is a concept which has developed out of the common-sense notion of “thing”. A “substance” is that which has qualities, and is in general supposed to be indestructible, though it is difficult to see why. It acquired its hold over metaphysicians partly because both matter and the soul where supposed to be indestructible, though it is difficult to see why… » : An Outline of Philosophy (OP), Routledge, 1996, p. 194.

[iii] « …and partly through a hasty transference to reality of ideas derived from grammar. We say “Peter is running”, “Peter is talking”, “Peter is eating”, and so on. We think that there is an entity, Peter, who does all these things, and that none of them could be done unless there were someone to do them, but that Peter might quite well do none of them. Similarly, we assign qualities to Peter : we say he is wise, and tall, and blond and so on » : Id.

[iv] « Grammar and ordinary language have been shown to be bad guide to metaphysics. A great book might be written showing the influence of syntax on philosophy ; in such a book, the author could trace in detail the influence of the subject-predicate structure of sentences upon European thought, more particularly in this matter of “substance” »: OP, p. 195.

[v] Histoire de la philosophie occidentale (HPO), tr. H. Kern corrigée, p. 221 ; « “Substance”, in a word, is a metaphysical mistake, due to transference to the world-structure of the structure of sentences composed of a subject and a predicate » : History of Western Philosophy (HWP), Routledge, 2000, p. 212.

[vi] Le Concept de nature (CN), tr. J. Douchement, Vrin, 2006, p. 55.

[vii] Procès et réalité (PR), tr. Charles, Elie, Fuchs, Gautero, Janicaud, Sasso, Villani, Gallimard, 1995, 30 (On donne la numérotation de l’édition Griffin et Sherburne, The Free Press, 1978, qui a été reportée dans l’édition française).

[viii] PR, 51.

[ix] Voir Ali Benmakhlouf, Russell, Les Belles Lettres, 2004, p. 104.

[x] « The systems of Descartes, Spinoza and Leibniz have one very important characteristic in common, namely, that they all depend upon the category of “substance” »: OP, p. 194.

[xi] PR, 137.

[xii] Id.

[xiii] HPO, p. 580.

[xiv] Aventures d’Idées (AI), tr. J.-M. Breuvart et A. Parmentier, Cerf, 1993, p. 185.

[xv] AI, p. 184.

[xvi] AI, p. 185.

[xvii] HPO, p. 595.

[xviii] PR, 6.

[xix] Tr. R. Caillois, dans Spinoza, Œuvres complètes, Gallimard, Pléiade.

[xx] HPO, p. 582.

[xxi] « There seemed still no good reason why the events belonging to the two attributes should develop along parallel lines », OP, p. 191.

[xxii] PR, 7.

[xxiii] PR, 79.

[xxiv] SMM, p. 70.

[xxv] PR, p. 78-79.

[xxvi] PR, 79.

[xxvii] La méthode scientifique en philosophie (MSP), tr. P. Devaux, Payot, 2002, p. 134.

[xxviii] MSP, p. 135.

[xxix] Id.

[xxx] MSP, p. 136.

[xxxi] Modes de pensée (MP), tr. H. Vaillant, Vrin, 2004, p. 168.

[xxxii] SMM, p. 68.

[xxxiii] SMM, p. 172.

[xxxiv] SMM, p. 172-173.

[xxxv] Whitehead n’a pas de la philosophie une conception fermée : « La philosophie est apparentée à la poésie » (MP, p. 192).

[xxxvi] SMM, p. 227 (tr. légèrement modifiée) ; « The modern chemist is likely to be weak in zoology, weaker still in his general knowledge of the Elizabethan drama, and completely ignorant of the principles of rhythm in English versification. It is probably safe to ignore his knowledge of ancient history » : SMW, p. 244-245.

[xxxvii] SMM, p. 227.

[xxxviii] CN, p. 64.

[xxxix] CN, p. 63.

[xl] CN, p. 64.

[xli] SMM, p.73-74, tr. légèrement modifiée ; « thus the bodies are perceived as with qualities which in reality do not belong to them, qualities which in fact are purely the offspring of mind. Thus nature gets credit which should in truth be reserved for ourselves: the rose for its scent; the nightingale for its song; and the sun for its radiance. The poets are entirely mistaken. They should address their lyrics to themselves, and should turn them into odes of self-congratulation on the excellency of the human mind. Nature is a dull affair, soundless, scentless, colourless; merely the hurrying of material, endlessly, meaninglessly »: SMW, p. 68-69.

[xlii] SMM, p. 226.

[xliii] I. Stengers, Penser avec Whitehead, Seuil, 2002, p. 93.

[xliv] CN, p. 68.

[xlv] MSP, p. 135.

[xlvi] MSP, p. 134.

[xlvii] « Perceptual space consists of perceptible relations between parts of percepts, whereas physical space consists of inferred relations between inferred physical things » : Human Knowledge (HK), Routledge, 2000, p. 225.

[xlviii] CN, p. 67.

[xlix] Histoire de mes idées philosophiques (HIP), p. 77.

[l] « It is thought very unlikely that any new evidence will do more than somewhat modify it »: HK, p. 214.

[li] Didier Debaise, Un empirisme spéculatif, Vrin, 2006.

[lii] PR, 18.

[liii] PR, 89.

[liv] PR, 90.

[lv] PR, 155. 

[lvi] AI, p. 246. Pour une présentation détaillée de cette autre interprétation du dualisme, voir dans cette même revue l’article de Maurice Élie.

[lvii] PR, 25.

[lviii] Voir par exemple PR, deuxième partie, chapitre I, section 5, ou SMM, ch. 10.

[lix] PR, 149.

[lx] PR, 22.

[lxi] SMM, p. 89.

[lxii] PR, 148.

[lxiii] SMM, p. 188, tr. légèrement modifiée ; « An eternal object, considered as an abstract entity, cannot be divorced from its reference to other eternal objects, and from his reference to actuality generally; though it is disconnected from its actual modes of ingression into definite actual occasions. This principle is expressed by the statement that each eternal object has a ‘relational essence’ »: SMW, p. 198.

[lxiv] PR, 137.

[lxv] Sans doute le fait-il d’ailleurs sous l’influence de Whitehead lui-même : voir A. Benmakhlouf, op. cit., p. 138.

[lxvi] HIP, p. 71.

[lxvii] Russell, « Ce que je crois », dans Le mariage et la morale, 10-18, 1997, p. 260-261.

 

Bibliographie (traductions françaises) :

Whitehead A.N., La Science et le monde moderne, Éditions du Rocher, 1994.
Whitehead A.N., La méthode scientifique en philosophie, Payot, 2002.
Whitehead A.N., Modes de pensée, Vrin, 2004.
Whitehead A.N., Le Concept de nature, Vrin, 2006.