Au moment de l'apparition de la philosophie moderne (au XVIIe siècle avec Descartes et Leibniz), le terme de phénomène en est venu à désigner très fréquemment les faits empiriques. Nous distinguerons néanmoins les deux termes au titre qu'ils renvoient à des contextes différents.
Emmanuel Kant a signalé dans la Critique de la raison pure que nous connaissons la réalité par l’expérience, qui est « un composé de ce que nous recevons des impressions sensibles et de ce que notre propre pouvoir de connaître produit de lui-même ». Dans une acception moderne, on définira donc le phénomène comme un donné empirique dont l’existence est attestée par l’expérience.
Les faits sont toujours construits grâce à la mise en œuvre de l’expérience. Le terme « fait » est équivalent à phénomène, mais, de nos jours, on le réserve aux phénomènes vérifiables, contrôlés et précis, grâce à une enquête empirique sérieuse ou par l'expérimentation pour les faits scientifiquement établis. De tels faits sont dits objectivables.
Il faut distinguer les faits ordinaires, fruits de l'expérience commune. Elle est la conséquence de notre capacité à construire la réalité empirique qui nous entoure et à nous y adapter et à la distinguer de l'imaginaire. Ces faits et évènements ordinaires ont une validité empirique, mais ils sont plus ou moins emprunts de subjectivité et surtout déformés idéologiquement lorsqu'ils touchent le domaine social et politique.
Les faits scientifiques sont des faits objectifs présentant des caractères particuliers : ils doivent être décrits sans équivoque, de préférence reproductibles. Ils sont produits dans des conditions précises qui les rendent, mesurables. Les diverses sciences construisent divers types de faits (physiques, chimiques, biologiques, etc.). Ces faits sont construits selon une méthode qui précise les conditions d'observation et d'expérimentation. De plus, ils sont contrôlables par la communauté des scientifiques. Les faits scientifiques ne renvoient pas à une perception individuelle, mais à une mise en évidence collective selon des procédures qui les rendent vérifiables et récusables.
L’ensemble des faits constitue la réalité.