Actualités philosophiques, scientifiques et sociétales
Moteurs de recherche et espionnage généralisé
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- Écrit par : Patrick Juignet
Google jouit en Europe et en Inde d’une position dominante (environ 90 %) et moindre aux États-Unis (78 %). En Chine et en Russie, ce sont respectivement Baidu et Yandex qui sont massivement utilisés.
Ces moteurs enregistrent nos données personnelles et les traces de nos requêtes sur le web. Ils transmettent des informations aux services de renseignement des pays concernés si besoin. L’usage de ce pistage mondial est d’abord commercial, mais il est aussi politique et policier.
Pour y échapper, il existe des moteurs de recherche anonymisés qui sont des instruments de protection des citoyens, mais aussi de souveraineté nationale.
Lancé en 2013, Qwant est un moteur de recherche développé en France offrant une solution alternative. Rappelons qu'il existe d'autres moteurs de recherche discrets comme DuckDuckGo, Startpage ou Disconnect.
Signalons aussi le réseau Tor. Il s'agit d'un groupe de serveurs exploités par des bénévoles qui permet aux utilisateurs des connexions privées et sécurisées sur Internet.
Tor est un outil de contournement de la censure grâce auquel on peut atteindre des contenus bloqués, ou communiquer avec les lanceurs d'alerte et les dissidents, ou joindre discrètement les organisations non gouvernementales. Malheureusement, il peut être détourné et utilisé à des fins malveillantes ou douteuses.
Les réseaux sociaux sont aussi des moyens de recueillir des données sur les individus et les groupes. La palme revient à TikTok qui permet à la Chine de collecter et exploiter des données issues du monde entier.
Internet et le web, outils de liberté, sont aussi des moyens de surveillance et d'influence utilisés par des firmes commerciales, des officines de manipulation de l'opinion et par les régimes totalitaires pour espionner les citoyens.
Anthropocène et systèmes-mondes techno-capitalistes
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- Écrit par : Patrick Juignet
Jean-Baptiste Fressoz a ajouté un chapitre à la dernière édition du livre qu'il a publié avec Christophe Bonneuil (L'événement Anthropocène. La Terre, l'histoire et nous, Seuil, 2018), chapitre intitulé Capitalocène.
Le nom « Capitalocène » veut signifier qu'il y a une histoire conjointe du système Terre et des systèmes-mondes techno-capitalistes. Si, selon le mot de Frederic Jameson, il est plus facile « d’imaginer la fin du monde que celle du capitalisme », c’est que ce dernier est devenu coextensif à la Terre.
Les trois derniers siècles se caractérisent par une accumulation extraordinaire de capital : en dépit de guerres destructrices, ce dernier s’est accru d’un facteur 134 entre 1700 et 2008. Cette dynamique d’accumulation du capital a sécrété une « seconde nature » structurant les flux de matière, d’énergie, de marchandises et de capitaux à l’échelle du globe. C’est cette technostructure orientée vers le profit qui a fait basculer le système Terre dans l’Anthropocène.
Le changement de régime géologique nommé "Anthropocène" a été produit par l'accroissement massif du capital, qui a permis un développement industriel sans précédent. En utilisant les méthodes développées par l’école viennoise d’écologie sociale, l'auteur propose une histoire des systèmes-mondes qui ont fait basculer la Terre dans l’Anthropocène. Les « systèmes-mondes » organisent les flux de matière, d’énergie, de marchandises et de capitaux à l’échelle planétaire.
Philosophie du droit
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- Écrit par : Patrick Juignet
Philosophie, Science et Société s'interroge régulièrement sur l'intérêt et la légitimité de la philosophie. Une manière de le faire, consiste à cerner les domaines philosophiques pouvant apporter un savoir effectif. Comme domaines possibles, il y a ceux qui se fondent sur l'interaction entre la réflexion philosophique et les savoirs positifs existants.
Parmi ces derniers, on trouve le droit. De l'interaction entre réflexion philosophique et droit naît un champ disciplinaire spécifique (ou transdisciplinaire) qu’on peut nommer philosophie du droit.
Pierre-Yves Quivigier propose un telle réflexion dans son dernier ouvrage : Penser la pratique juridique. Essais de philosophie du droit appliquée (Laboratoire de Théorie du Droit, 2018).
Selon l'auteur, la philosophie du droit ne devrait être ni un point de vue philosophique sur le droit qui ferait l’impasse sur la spécificité du vocabulaire et du raisonnement juridique, ni une théorisation générale du droit qui ferait l’économie de la méthode philosophique ; elle devrait tenter la rencontre du droit et de la philosophie. La philosophie du droit serait un discours relevant autant du droit que de la philosophie. On peut en douter, car la philosophie, pour garder sa spécificité, se doit d'observer une neutralité axiologique. Réflexion philosophique et normativité ne font pas bon ménage. La philosophie peut se prononcer au sujet du droit, en se référant à l'éthique, mais elle ne doit pas se mêler au droit.