Actualités philosophiques, scientifiques et sociétales
Après la post-modernité, la post-démocratie ?
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- Écrit par : Patrick Juignet
Postmoderne désigne une doctrine à contour flou qui se veut déconstructive, relativiste et antihumaniste. Le terme postmoderne apparaît en 1917, sous la plume du philosophe allemand Rudolf Panwitz dans La Crise de la culture européenne, pour désigner la fin supposée de la modernité et de la raison, fin annoncée par Nietzsche et causée par le refus de proposer autre chose.
L'idée d'une période post-démocratique fait son chemin. Une partie des décisions politiques sont mal comprises, rejetée ou ignorée par les populations. Le sentiment d'être dominé par la technocratie et les lobbies économiques et financiers mine le climat social. Le personnel politique, pourtant élu a perdu en crédibilité et l'abstention électorale atteint des sommets. Sommes-nous entrés dans l'ère de la « post-démocratie », fonctionnement politique démocratique, mais vidé de sa substance ?,
Le terme « post » est flou et laisse une incertitude sur ce qu'il qualifie. Le relativisme, la perte des repères, l'abandon des idéaux, le contournement des institutions, les rapides évolutions, rendent la société contemporaine difficile à qualifier. Une idéologie « post », défiante et désabusée, des années 1980 à 2020. Actuellement, d'autres viennent s'y superposer.
Voir : De la postmodernité à la post-vérité
Louis Hjelmslev : au-delà du formalisme
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- Écrit par : Patrick Juignet
La théorie du langage de Louis Hjelmslev (1899-1965), nommée « glossématique » (qui radicalise le projet saussurien), conduit vers l’identification et la formulation des lois selon lesquelles les catégories linguistiques se constituent. Hjelmslev a cherché un formalisme adapté à la linguistique considérant que le langage ne répond pas à la logique traditionnelle. Cette entreprise de longue haleine trouve son départ dans le premier ouvrage du linguiste danois, les Principes de grammaire générale (1928) et se développe ensuite dans une approche théorique formelle partagée par la plupart des membres de l’école de Copenhague. Les enjeux théoriques et épistémologiques majeures à partir desquels cette recherche prend du sens, permettent de faire ressortir une vision moins rigide et surtout plus « polyphonique » du structuralisme de Hjelmslev. C'est ce que met en Lumière Lorenzo Cigana.
Lorenzo Cigana (Bressanone, Italie, 1984) est chercheur postdoctorant auprès du Département d’Études Nordiques et de Linguistique de l’Université de Copenhague. Il travaille depuis sa thèse sur les enjeux théoriques des sciences structurales du langage, avec une attention particulière aux approches formalistes de l’école danoise. Il a publié l’ouvrage Hjelmslev e la teoria delle correlazioni linguistiche (Carocci), où il retrace les grandes lignes de cette école.
Cigana L., Hjelmslev e la teoria delle correlazioni linguistiche, Carocci, 2022.
Hjelmslev L., (1936) Essais et communications sur le langage, trad. Cigana Lorenzo. Genève-Lausanne, sdvig press, 2022.
Partage de la valeur
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- Écrit par : Patrick Juignet
En France un projet de loi concernant le « partage de la valeur » est en cours d’élaboration. Le débat passe presque inaperçu. Pourtant, c'est un enjeu de société important.
Quelle est la valeur en question ?
Le titre du projet de loi ne le dit pas et parle de la « valeur » en général. Deux valeurs sont en jeu : la valeur de l’entreprise en tant qu’entreprise et la valeur du produit vendu par l’entreprise. La valeur de l’entreprise, pour celles qui sont cotées en bourse se traduit par leur valorisation boursière. Pour les autres, c'est plus flou, ce serait leur valeur potentielle en cas de cession. La valeur issue des produits vendus par l’entreprise correspond au bénéfice net effectivement réalisé. Ce bénéfice net dégagé par la vente est distribué aux actionnaires. Seul le capital en bénéficie par la distribution des dividendes en fin d’exercice annuel.
Un ressort structurant pour la société
La répartition de la valeur (entreprise + bénéfices) entre le capital et le travail est l’un des deux problèmes fondamentaux posés par l’économie capitaliste (avec celui du pouvoir économique). La question en débat est celle de savoir à qui doit revenir le surplus de valeur produit ? Selon quel critère et quel ratio ?