D’un point de vue pratique, le mot « sens » correspond à la direction ou l’orientation d'un mouvement. Dans un cadre sémiotique, le sens d’un mot ou d’un énoncé est sa signification, et plus précisément son aspect sémantique. Dans le contexte philosophique, le sens est construit par la pensée. Il est constitué par un réseau de notions ou de concepts, agencés entre eux selon des processus plus ou moins rationnels ou imaginatifs. Le sens est toujours relatif à un cadre et un domaine particulier. Par exemple, le sens donné à la vie humaine, ou le sens d’une action, ou le sens d’un discours politique, etc. Ces différents sens ne sont pas du même ordre.
Dans le domaine des attitudes humaines, le sens correspond aux intentions qui déterminent un but ou la finalité de l'action. Trouver le sens d’une attitude, d’un propos, demande toujours une interprétation eu égard au contexte. Le sens donné à une œuvre d’art renvoie à une pluralité interprétative et à un contexte à la fois personnel, culturel et historique. Le sens d’un énoncé scientifique, par contre, se doit d’être univoque et peu ou pas interprétable.
Le sens donné à la vie humaine est fortement investi affectivement. Il s’oppose au non-sens, au vide, à l’absurde, qui sont des facteurs de désillusion, de tristesse. La plupart des personnes poursuivent des buts qui ont un sens pour elles. Toute société propose des mythes, des légendes, des grands récits religieux, des idéologies qui véhiculent du sens et qui sont investis du point de vue émotionnel. Cet ensemble est plus ou moins fixé socialement et politiquement en un dogme.
Le sens utile à guider la vie humaine est à inventer et à réinventer au fil de l'histoire. La philosophie a, entre autres, pour rôle de proposer des récits philosophiques rationnels, adaptés et ancrés sur des savoirs solides, ce qui les différencie des idéologies et des religions. Lorsque la philosophie est pourvoyeuse de sens, elle se doit d’être prudente et circonspecte.