La liberté ne consiste ni dans une indétermination des conduites, ni dans une pensée pure se déployant sans contrainte hors de tout contexte. Ce n'est pas un libre arbitre, une pure autodétermination.

La liberté pratique, pour chaque personne, consiste dans la possibilité de faire des choix et d'agir selon ces choix au quotidien. Bien que les actions humaines soient déterminées, le fait de pouvoir les mettre en œuvre est déjà une première liberté. Si le déroulement de la vie conduit à élaborer certains projets (métier, mariage, œuvre artistique, etc.), la liberté pratique est de pouvoir les accomplir. La liberté individuelle est limitée par les droits et les libertés des autres, ainsi que par les impératifs éthiques. Elle est aussi restreinte par la vie en société qui impose une morale et des règles de droits. 

La pensée rationnelle est en mesure de gagner une certaine liberté par rapport aux déterminations. Nous parlerons ici d'une liberté réflexive (par la distanciation et la réflexion). L’intellect humain jouit d’une autonomie relative eu égard à son support neurobiologique et aux déterminations affectives et sociales du psychisme. La pensée peut ainsi (parfois) s’affranchir des normes et des dogmes. Se libérer c'est échapper à la cage normative qui empêche de faire et à la cage idéologique qui empêche de penser. La personne qui a été endoctriné dès l’enfance sur les plans idéologiques et religieux, et qui est contrôlée par le milieu social à tous les instants de sa vie ne pourra pas sortir du conformisme. Acquérir une certaine liberté demande une éducation qui donne les moyens utiles pour penser et agir, puis un effort réflexif constant et assidu. Cette capacité demande des ressources pratiques, éducatives et sociales.

Emmanuel Kant pousse l’idée d'autonomie de l'intellect jusqu’à supposer une pensée complètement rationnelle permettant de définir une loi morale. La liberté individuelle serait de choisir des principes de conduite échappant à toute autre détermination (comme le désir, l'intérêt, les pulsions, les codes sociaux, etc.). Deux arguments contredisent Kant. La démonstration d’une loi morale universelle admise par tous n’a jamais eu lieu. Sa position aboutit à des impératifs catégoriques qui ne laissent pas de liberté de choix.

 Le pouvoir politique veut en général maintenir sa suprématie et accessoirement faire valoir des idéaux idéologiques et religieux. À ces titres, il considère les citoyens comme des moyens pour parvenir à ses fins. Au pire, il instrumentalise les populations pour la reproduction, la guerre et la production économique. La liberté peut alors se définir comme la possibilité d'échapper à cette instrumentalisation et de participer aux décisions politiques.

La définition de la liberté proposée est pragmatique, liée à l'existence humaine. Elle souligne la nécessité d'un équilibre entre l'autonomie individuelle et les contraintes sociales, éducatives et politiques. La liberté se manifeste dans la possibilité de l'individu à naviguer au sein des contraintes avec discernement, grâce à une pensée autonome.

 

Voir aussi : Choix moral