Le terme d’épistémologie historique a été proposé en français par Dominique Lecourt en 1969. L'épistémologie historique examine comment les idées et des pratiques scientifiques ont évolué, comment les paradigmes scientifiques se sont succédé. Elle évalue simultanément la dynamique interne aux disciplines scientifiques et du contexte conceptuel. La discipline vise à éclairer non seulement l’émergence des concepts scientifiques, mais aussi les « rationalités » plus larges qui les rendent possibles.

Cette approche reconnaît que la science n'est pas seulement un ensemble de connaissances et de méthodes, mais aussi un processus dynamique influencé par son environnement théorique. Un débat a lieu pour savoir si ces rationalités doivent être étudiées à l’intérieur d’une logique exclusivement scientifique ou comme étant des modes de raisonnement inscrits plus largement dans la culture savante d'une époque. Les deux sont parfaitement compatibles.

L'épistémologie historique s'intéresse à la manière dont les conceptions scientifiques (conception de l'Univers, objet et problèmes, théories et pratiques) ont changé au cours de l'histoire d'une manière plus conceptuelle que l'histoire des sciences sur laquelle elle s'appuie. L'épistémologie proprement dite est plus centrée sur ce qui constitue une connaissance scientifique valide, sur les justifications des théories, les critères de vérité et de réfutabilité dans la science, la structure logique des sciences, indépendamment de leurs évolutions

On a reproché à l’historicisation de l’épistémologie d’entraîner un relativisme sceptique. La relativisation des connaissances scientifiques à leurs conditions historiques n'exclut pas de juger de leur validité. On peut à la fois contextualiser historiquement une science et « assumer la question difficile de la validité des théories » (Jean Gayon). Reconstituer la genèse historique, n'empêche pas la reconstruction rationnelle et la réflexion critique.