Écrit par : Patrick Juignet

Dans l'histoire humaine, la technique est antérieure à la science. Il s'agit de fabriquer des instruments, utiliser des procédés efficaces pour agir et augmenter les capacités de l’homme. La technique remonte à la Préhistoire avec l'invention des premiers outils.

La dénomination de « science appliquée » vient du fait que les techniques se sont appuyées sur les sciences fondamentales à partir du XIXe siècle et que, parfois, la relation s'inverse : les avancées techniques conduisent à des découvertes scientifiques. L'imbrication entre sciences et techniques a conduit à parler de «  science appliquées » et aussi de  « technosciences » (Gilbert Hottois). Les sciences appliquées, comme la médecine ou l’ingénierie, ne cherchent pas seulement à connaître, mais aussi à agir efficacement. Elles visent des objectifs donnés par la société au sein de laquelle elles existent, elles sont orientées par des projets. Elles produisent des outils, des procédures, des machines utilisables socialement.

L’objet d’étude pour les sciences fondamentales est lié à un champ du réel particulier (par exemple, le vivant pour la biologie). Pour une science appliquée qui utilise diverses connaissances pour réussir il est plus vaste et plus flou. La distinction entre les deux a une importance, car elle a des implications dans les politiques de recherche. Alors que le fonctionnement par appel à projets à moyen terme est efficace pour la technoscience, il ne l’est pas pour la recherche fondamentale et peut même l'entraver.

Les technosciences ou sciences appliquées sont à interroger d’un double point de vue ; celui de l’épistémologie (leur validité), mais également celui de l’éthique (leur bien-fondé). Les technosciences ou sciences appliquées et la puissance d'agir qu’elles permettent posent des problèmes éthiques majeurs, comme dans le cas de leur utilisation guerrière, ou par rapport à leurs effets environnementaux et aux transformations sociales qu’elles engendrent.

Un problème particulier vient des incertitudes sur les conséquences des technosciences. L’incertitude est double. D’une part, toute science est limitée, elle ne peut prévoir toutes les conséquences de son utilisation. D’autre part, l’application dans le domaine humain est hasardeuse. Les évolutions sociales et les utilisations politiques futures ne peuvent être prédites.