Écrit par : Patrick Juignet
Catégorie : Vocabulaire philosophique

L'idée de névrose a grandement évolué du XVIIIe siècle à nos jours. Cette classe de maladies a été créée par William Cullen en 1769 pour désigner des maladies dépendant d'une affection générale du système nerveux. En Autriche, vers 1845, Ernst von Feuchtersleben oppose névrose et psychose. La psychose serait une maladie mentale par opposition à la névrose qui dépendrait d'une altération du système nerveux.

Mais, à la fin du XIXe siècle, dans son Traité des névroses, Alexandre Axenfeld donne la définition suivante des névroses : il s'agit d'états morbides qui présentent la double particularité de se produire en l'absence de toute lésion appréciable et ne pas entraîner par eux-mêmes de changements profonds et persistants dans le système nerveux.

Un tournant sera pris à la fin du XIXe siècle lorsque Sigmund Freud, s'interrogeant sur la « lésion dynamique » de Jean-Martin Charcot, montrera qu'elle est de l'ordre de la représentation et non à caractère neurologique. Recherchant l'origine de ce dysfonctionnement (son étiologie), il tombe sur des événements traumatiques dont il suppose qu'ils restent mémorisés sous forme de représentations et d'affects pathogènes.

Au XXe siècle, la mise en avant de la personnalité dans l'étude de la psychopathologie a permis de parler de personnalité névrotique, mais au cours de la décennie 1970, l'Association américaine de psychiatrie a supprimé le terme de névrose du Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM version III - 1980). Les troubles correspondants sont considérés comme un symptôme ou un groupe de symptômes.

Le terme de névrose est ambigu et dépend du contexte théorique dans lequel il est employé. Toutefois, si on admet d'un point de vue psychopathologique qu'il existe plusieurs types de personnalité, les qualificatifs de névrotique, psychotique et intermédiaire, permettent de les distinguer (voir : Les formes de la personnalité en psychopathologie).