Revue philosophique

Dans la philosophie traditionnelle (antique, scolastique et au début de la philosophie moderne), le terme accident désigne les modifications non nécessaires qui affectent, plus ou moins provisoirement, un individu.

Pour Aristote, l’accident affecte les substances constitutives du monde. Chez les scolastiques, l’accident tend à se confondre avec la qualité. Pour Descartes, l’accident se définit négativement ce qui ne fait pas partie de l’essence d’un être.

Dans cet usage philosophique, la notion d'accident joue sur une opposition entre un aspect princeps, qui subsiste, et quelque chose de secondaire qui change. Ce qui persiste est considéré comme substance ou essence, et les aspects changeants sont nommés les accidents. Ainsi définit, l’accident est un événement secondaire et particulier ; c’est ce qui dans la réalité est sujet à variations. Par exemple, la forme ou la couleur d'une chose change sous l'effet d'événements comme un choc ou un changement de lumière ; ce sont des accidents par rapport à la chose individualisable qui reste identique à elle-même.

Dans le langage courant, on parle d’accident lorsqu’un événement fortuit nous concerne et provoque un effet remarquable. Les accidents sont souvent considérés comme des événements contingents ou imprévus qui perturbent le cours attendu des événements. Ils sont généralement considérés comme des facteurs externes qui surviennent indépendamment de la volonté ou de l’intention d’un individu. La plupart du temps, on désigne comme accident ce qui provoque un dommage, une lésion.

Dans l'usage ordinaire, il reste de l’usage philosophique ancien l’idée de quelque chose de secondaire, qui n’est pas essentiel, qui est associé à la contingence, au hasard ou à l’absence de volonté. Mais, il s’y ajoute fréquemment (comme pour la notion de hasard qui y est associée) une dimension psychologique qui vient de l’intérêt porté à l'événement accidentel. Un événement fortuit, mais sans conséquence, n’est pas qualifié d’accident, c’est seulement lorsqu’il interfère négativement avec nous qu’on le nomme ainsi.