Civilisation (définition)
Par civilisation, on nomme le processus de transformation qui concerne simultanément la société, les individus et la culture (au sens large). Le processus n'est ni voulu ni planifié, et se ne déroule pas selon une finalité prédéfinie. Selon Norbert Elias le processus civilisationnel suit, dans la longue durée, un mouvement continu que l'on peut décrire selon trois axes.
1. Dans ce mouvement général de civilisation, l'organisation sociale, c’est-à-dire les interdépendances entre les groupes humains et au sein des groupes constitués, va en augmentant et en se complexifiant. L'évolution conduit vers la recomposition d’entités politiques sans cesse plus larges. À cet égard, la genèse de l’État occupe une place centrale.
2. Au cour du processus civilisationnel, l’économie psychique individuelle s’affine. La répression et la sublimation des pulsions (d’agression, sexuelles et nutritionnelles) favorisent la pacification des relations interpersonnelles et engendre la civilité ; ce qui se traduit par les manières de se conduite et de ressentir plus douces, plus soucieuses d'autrui (une évolution des mœurs). La tendance à une maîtrise sans cesse plus raffinée et nuancée de soi-même permet le relâchement maîtrisé typique des sociétés permissives.
3. Les représentations collectives du monde changent, deviennent plus réalistes et raisonnables, les aspects scientifiques prennent de l’ampleur, les arts et la culture s'émancipent par rapport aux religions.
Les acquis civilisationnels sont sans cesse à reconstruire individuellement et collectivement. Individuellement, par l’éducation qui transmet et accomplit en raccourci le processus civilisationnel. Collectivement, par le maintient d’institutions qui contribuent à l’élargissement des interdépendances et à la transmission du savoir. Ce qui a été acquis peut se perdre et les tendances régressives peuvent dominer plus ou moins massivement et plus ou moins longtemps.