Revue philosophique

Le terme de mérisme est peu utilisé, car on parle plus volontiers de réductionnisme et de méthode analytique. Mérisme s'oppose à holisme et désigne une manière de penser le monde, ou certains de ses aspects, de manière clivante, atomistique, par éléments séparés. Nous définirons le mérisme uniquement dans le cadre de la philosophie des sciences et de la connaissance.

C’est à Francis Bacon et à René Descartes que l’on doit l’avènement du principe méristique. Pour Bacon, la procédure scientifique consiste à « disséquer la nature » en éléments récurrents, à isoler des occurrences simples dans la complexité des faits.

Pour Descartes, la méthode analytique consiste à « diviser chacune des difficultés » examinées « en autant de parcelles qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour mieux les résoudre ». Isaac Newton, une autre figure tutélaire du mérisme, écrivit en 1687 dans ses célèbres Principes mathématiques de la philosophie naturelle : « Le mouvement d’un tout est identique à la somme des mouvements des parties, c’est-à-dire que le changement de position d’un tout est identique à la somme des changements de position de ses parties. »

Le principe méristique (inverse de celui du holisme) est fondé sur deux thèses :

  • les relations entre parties d’une entité sont négligeables, elles n’affectent pas les propriétés de chacune d’elles, si bien qu’on peut les observer à l’état isolé
  • les propriétés manifestées par une entité résultent directement de la combinaison des parties qui sont suffisantes pour déduire, par composition, les propriétés de l’entité

Un ensemble composé est toujours réductible à la somme de ses parties, car le rôle constitutif de son organisation, de sa structure, définie comme l’ensemble de leurs relations, est négligeable.

Le mérisme ou principe méristique est au fondement de la science moderne qui, depuis le XVIIe siècle, utilise sur le plan épistémologique l’analyse et, sur le plan ontologique, la réduction au plus simple. Il fonde la validité du postulat d’isolement de séries causales indépendantes qui admet que l'on peut isoler des séries causales autonomes et limitées à partir des conditions initiales (causalité dite « linéaire »).

Le mérisme est généralement lié à une métaphysique matérialiste et plus précisément sous la forme d’un substantialisme atomiste.