Écrit par : Patrick Juignet
Catégorie : Vocabulaire philosophique

La science moderne s'est forgée à partir du XVIIe siècle et se poursuit de nos jours tout en évoluant. La science est une activité de connaissance, ce qui la départage d'autres activités qui ont d'autres finalités, telles que légiférer, normer, enjoliver le monde, donner de l'espoir. Pour qu'il y ait science, il faut qu'il y ait une volonté individuelle et collective de connaître vraiment le monde tel qu'il est. Mais ce n'est pas suffisant.

Pour être scientifique, une connaissance doit répondre à des critères de rigueur, d'objectivité, de véracité et d'universalité. Pour atteindre ce but, elle se soumet à des contraintes de deux types : la validation théorique (démonstration, cohérence, rationalité) et la vérification empirique (l'établissement d'un rapport vérifié à la réalité). La manière de réaliser ces exigences varie d'une science à l'autre. Cependant, au minimum la science accepte 1/ de raisonner clairement et rationnellement et 2/ de se confronter et de se conformer à la réalité. La plupart des sciences utilisent la procédure hypothético-déductive.

Juger empiriquement la théorie impose une pratique. Il faut constituer expérimentalement ou par observation contrôlée des faits et y confronter la théorie. Ce rapport aux faits est vu de diverses manières selon les doctrines : vérification (conception classique), réfutation (conception de Karl Popper), concordance (conception parfois nommée « sémantique »). Le rapport d'adéquation à la réalité est le critère clé. La vérification de cette adéquation est collective et réitérée. Elle donne son efficacité au savoir scientifique.

Les sciences sont variées. On peut analyser une connaissance scientifique selon des concepts qui définissent son socle épistémique : son référent, son objet, sa manière de connaître, sa méthode, son fondement ontologique. Le référent est le point de départ d'une science, la partie du monde abordée grâce à une méthode nouvelle et pertinente. L'objet constitue le cœur de la recherche, il est construit et même reconstruit plusieurs fois au cours des évolutions scientifiques. Un même référent peut engendrer plusieurs objets de recherche. La manière de connaître correspond à l'adoption d'un type de théorisation (les théories varient selon leurs formes et leur degré de formalisation). La méthode (la manière pratique de conduire les expériences, les techniques employées) doit s’adapter au champ considéré afin de relier efficacement la théorie et les faits. L'ontologie concerne les présupposés concernant le réel. Les présupposés ontologiques sont premiers, au sens où ils influent sur l'ensemble, mais ils sont souvent transmis implicitement comme des évidences.

La connaissance scientifique aboutit à un savoir qui présente des garanties d'adéquation au monde ; ce n'est pas une fiction, ni un mythe, ni de la métaphysique, ni de l'idéologie. Le savoir obtenu par les sciences évolue sans cesse et de manière discontinue (Thomas Kuhn parle d'une évolution discontinue, par « révolutions scientifiques »). C'est une responsabilité philosophique majeure que de défendre le statut spécifique de la connaissance scientifique et du savoir qu'elle produit. Le savoir scientifique ne peut pas être mis à égalité avec l'opinion et la croyance, car il résulte d'un effort soutenu d'adéquation au monde.